par Sylvie Parent

Regards sur l'art Web au Québec:
Quinze œuvres québécoises commentées
et mises en perspective dans la courte histoire du Web

Introduction
Ce dossier a été réalisé à l’occasion de Québec New York 2001 et devait initialement être publié sur le site Web de l’événement afin de faire la promotion de l’art Web au Québec auprès d’un large public. Suite à la catastrophe survenue à New York le 11 septembre dernier, cette publication, de même que la plupart des projets devant être présentés dans le cadre de cet événement, a été annulée. Malgré ces circonstances tragiques, la parution de ce dossier a été rendu possible dans ce numéro spécial sur le Québec du Magazine électronique du CIAC.

L'événement Québec New York 2001 entendait faire la promotion de la création québécoise dans tous les domaines d'expression, une attention spéciale est accordée aux travaux les plus innovateurs dans le secteur des nouvelles technologies. Ce contexte m'a donné l'occasion de mettre en valeur une quinzaine d'œuvres conçues pour le Web et de réaliser ainsi un survol de l'art Web au Québec, projet qui rejoint les intérêts qui sont les miens depuis plusieurs années.

Cette invitation m'a permis de sélectionner des œuvres qui me paraissent significatives de l'évolution de l'art Web, et des diverses thématiques et esthétiques adoptées par les artistes qui créent pour ce médium. Mon choix s'est porté sur des œuvres très différentes les unes des autres, ayant été réalisées au cours des dernières années. En effet, même si le Web est un outil de création récent, les technologies évoluent si rapidement qu'il est parfois difficile d'avoir une conscience historique de ce développement et d'estimer certaines œuvres à leur juste valeur.

C'est donc une histoire de l'art Web à travers la création québécoise que je propose, par une mise en perspective de plusieurs de ses moments forts. Je souhaite apporter des éléments de réflexion qui contribueront à l'appréciation de ces travaux, des plus anciens (1996) aux plus récents (2000). D'autres œuvres importantes auraient certainement pu être incluses au sein de ce panorama, mais l'espace et le temps ne me permettent pas de réaliser une étude plus étendue. Néanmoins, la sélection présentée ici me semble fournir un aperçu assez juste des divers enjeux de l'art Web au Québec à travers le temps.

 

Pascale Malaterre
Ex-voto
Janvier 1996
Plusieurs projets sur le Web des premières années prennent la forme d'« œuvres de communication, collaboratives et relationnelles » (voir Pour une typologie de la création sur Internet, http://www.olats.org/setF6.html, par Annick Bureaud), tels Ex-voto ou Dreamed, commenté plus loin. Ces projets s'inscrivent dans un axe de création très important au sein des arts de la communication qui, s'ils ont précédé de beaucoup le Web (autres réseaux créés par la téléphonie, la poste, le minitel, la télécopie, etc.), ont littéralement explosé avec l'arrivée de ce moyen de diffusion extraordinaire. De telles œuvres sont fondées sur la participation de nombreux intervenants, délèguent la création du contenu à ces collaborateurs et font valoir que l'art repose sur l'action collective plutôt que sur l'auteur unique.

Ex-voto est une œuvre en deux parties : la « chaîne » des remerciements exprimés par un grand nombre de participants à ce site et le « musée », vaste collection d'images de vœux puisées dans des cultures et des époques diverses à laquelle la chaîne des contributions contemporaines s'associe. Fondée principalement sur les messages de ses participants, et donc sur l'écriture, à l'instar de plusieurs projets datant des débuts du Web, Ex-voto intègre aussi des images qui, bien que petites - même si les fureteurs graphiques font leur entrée en 1993 avec Mosaic, la puissance limitée des ordinateurs et la largeur réduite de la bande passante n'autorisent qu'une utilisation restreinte des images - contribuent fortement à créer des ponts entre les différentes parties du projet, puisque les mêmes se retrouvent çà et là. Ainsi, les «s'il vous plaît» sont associés aux «merci» sans que les uns soient a priori liés aux autres.

Le projet réunit des témoignages très touchants et crée des «connexions» fortes entre des individus, des époques et des lieux différents. Ces liens reposent sur des actes de générosité et de ferveur, proposant un regard sur des intervenants de milieux et origines variés. Le projet fait ainsi éclater les préjugés de toutes sortes et se révèle un acte d'engagement social et politique. Or ce type d'engagement est très présent dans l'art Web, qui s'inscrit dans un environnement commercial auquel s'opposent de nombreux artistes. À sa manière, Ex-voto se rallie à ces convictions tout en offrant un projet poétique qui échappe à un discours purement didactique. Cette œuvre fait la preuve de l'universalité et de l'égalité entre les individus sans en appeler à de grandes théories. Elle lance un appel à la solidarité et rejoint ainsi l'essence même de l'art en réseau.

 

Frédérick Belzile
Dreamed
Été 1996
En ligne depuis 1996, Dreamed accueille les rêves des visiteurs qui contribuent, les uns après les autres, à l'alimenter et à constituer une base de données tout à fait inusitée sur la vie intérieure des individus. Dans un environnement tel que le Web, dominé par des intérêts commerciaux, des projets comme celui-ci visent à transformer le visage du Web et à insuffler un côté humain à cet espace, à le nourrir des subjectivités qui le fréquentent.

Très rapidement dans l'histoire du Web, des projets comme Dreamed ont révélé la nature profondément psychologique du cyberespace, avant même que les nombreuses théories à ce sujet voient le jour… Sous le couvert de l'anonymat, devant l'écran de son ordinateur, l'individu se livre ouvertement et s'extériorise dans un espace public de plus en plus étendu. En effet, les pages personnelles, tout comme les échanges intimes ayant cours sur le Web grâce au courrier électronique ou au "cyberbavardage" (chat), ont favorisé l'expression individuelle et la dissémination des contenus les plus personnels. Le projet Dreamed tient compte précisément de cet état de choses.

Grâce à la technologie des cadres (frames), aujourd'hui tellement connue qu'elle paraît avoir toujours existé mais qui, rappelons-le, était une "nouveauté" à l'époque de la réalisation de cette œuvre (les cadres ont vu le jour avec les versions Netscape 2.0 en mars 1996 et Explorer 3.0 en août 1996), la consultation des rêves s'apparente à la recherche dans un lexique. Le parcours par mot clé fait voyager le lecteur de rêve en rêve par des bonds dans l'espace (de la page) et le temps (chronologie des contributions), tissant des liens entre chacun, et permet de constater les rapports entre l'univers inconscient des uns et des autres. On pourrait même imaginer qu'un jour, tous les mots de chaque rêve soient unis entre eux et produisent un vaste index… Curieux dictionnaire que celui-ci, par ailleurs, qui ne prétend à aucune autorité, quelle qu'elle soit. Les rêves entrent dans cet espace tels qu'ils sont soumis, un à un, sans qu'ils soient altérés par l'artiste initiatrice et gardienne de cette collection. Chacun effectue son propre parcours à travers ceux-ci et se laisse habiter à sa guise, aucune interprétation n'étant dictée. En ce sens, Dreamed amène à constater la part inaliénable de l'individu, même confronté aux espaces et cyberespaces les plus envahissants qui soient : celle de son monde intérieur.

 

Doyon/Demers
Doyon/Demers Socio-esthéticiens
Août 1996
Le site de Doyon/Demers Socio-esthéticiens, duo d'artistes formé à la fin des années 80, comprend une documentation sur leurs installations et performances passées de même que des projets conçus pour le Web. D'une part, ces créateurs considèrent le Web comme un espace de publication relatant des actions réalisées à l'extérieur de celui-ci (Situation construite, Site de capture, etc.); d'autre part, leurs projets Web destinent le produit de l'interactivité ayant cours sur le Web hors du cyberespace (Centre d'œuvres et œuvres d'art excédentaires, Art en tant qu'art et au delà, etc.). Dans un cas comme dans l'autre, les projets paraissent ne pas se déployer au « bon endroit ». Se qualifiant d'« indisciplinés et indisciplinaires », ces artistes font la démonstration que leurs travaux échappent à toute catégorisation et que les espaces qu'ils investissent, quels qu'ils soient, se retrouvent toujours au cœur de leur démarche critique. Précisément, leurs œuvres remettent en cause leurs contextes de création et de diffusion.

Le site Web, en évolution constante depuis 1996, est élaboré comme un lieu de passage, un espace transitoire servant à délocaliser l'action artistique, à questionner le système de l'art et la stabilité des concepts liés à l'œuvre et à sa réception. Il s'agit d'un travail de détournement, qui partage certaines affinités avec les arts sociologiques et le situationnisme, entre autres.

Un aspect primordial de ces créations réside dans le travail à deux, début d'une socialisation qui se généralise par la suite à la communauté. En effet, les actions, qu'elles se déroulent sur le Web ou hors de celui-ci, visent avant tout le dialogue avec le public et sa participation dans le but d'arracher l'individu à son rôle d'observateur. Ainsi, les formulaires à remplir et les modèles à construire ne forment toujours qu'une étape dans le processus. Le Web n'est pas une fin en lui-même, il ne fait pas l'objet d'une idéalisation technologique. C'est un espace parmi tant d'autres qui permet de rejoindre d'autres individus et de parvenir à cette prise en charge de l'action artistique par le public.

 

Petra Mueller
The Love Money Weather Project
1996
Le projet de Petra Mueller prend appui sur les zones variables de l'existence de l'individu que sont l'amour, l'argent et le climat pour établir une correspondance avec la nature fluctuante du Web. The Love Money Weather Project propose que l'instabilité du Web puisse être comparée aux vicissitudes de la vie amoureuse, à l'inconstance de l'économie et aux caprices météorologiques et avoir un impact sur nos vies individuelles, tout comme ceux-ci. L'œuvre est composée d'un journal intime - mis à jour régulièrement en 1996 et 1997 - qui rend compte des variations du quotidien en mettant l'accent sur les prédictions de la météo, accompagnées de faits divers et de conversations relatées ainsi que de commentaires sur des événements locaux ou internationaux.

Dans cette œuvre, les frontières entre la vie privée et publique, les univers subjectif et objectif, deviennent floues et s'entrecroisent. Les comptes rendus de la narratrice, issus de son histoire personnelle, se mêlent aux informations textuelles et visuelles continuellement mises à jour sur la météo grâce à des instructions programmées en langage informatique (plus précisément des chronoscripts), qui récupèrent cette information à intervalles fixes et l'intègrent automatiquement au site. Il n'existe aucune distinction apparente entre les ajouts de l'auteure et ceux de la machine, le site se développant grâce aux entrées de données provenant de l'une ou de l'autre. The Love Money Weather Project porte ainsi à réfléchir sur la convergence entre les territoires intime et interindividuel, entre l'individu et le monde artificiel qu'il a créé à l'ère des nouvelles technologies de la communication.

L'œuvre invite à considérer l'état d'instabilité de l'expérience temporelle résultant de l'utilisation du Web. De plus, le recours à des webcams dans ce projet intensifie la perte de référence spatiale et amène à examiner l'influence de tels dispositifs dans notre perception actuelle du monde. The Love Money Weather Project nous convie à penser à un nouveau type d'expérience spatio-temporelle résultant d'une association intime et constamment renouvelée avec la machine.

 

Eva Quintas et Michel Lefebvre
Liquidation
Janvier 1998
Avec Liquidation, Eva Quintas et Michel Lefebvre ont réalisé une fiction multimédia qui s'est manifestée sur plusieurs supports, notamment le Web. À la base, il s'agit d'une histoire misant sur la photographie et le texte, photo-roman à l'heure du numérique. Des fichiers sonores ont permis sa diffusion à la radio, et un cédérom a été projeté en salle à quelques reprises. Cheminant parmi ces différentes incarnations et manifestations, les créateurs ont mis à profit la convergence des disciplines au sein du territoire numérique afin de produire une « œuvre d'art totale » qui se rapproche de l'art cinématographique par certains aspects.

Or, les moyens dont disposaient les artistes du Web à l'époque de la réalisation de Liquidation - avant l'avènement des possibilités actuelles, qui font ressembler de plus en plus le Web à la télévision - s'avéraient limités, et c'est pleinement conscients de cet environnement « pauvre » que les créateurs de Liquidation ont adopté le genre populaire du photo-roman et un ton humoristique rappelant la bande dessinée. Les expressions exagérées des protagonistes, le langage imagé, les textes fonctionnant comme des légendes évoquent le cinéma au temps du muet. Les divers ingrédients misent sur l'accentuation afin de pallier les restrictions trop évidentes du médium et de signaler que le Web en est encore à ses débuts. Le déploiement linéaire de l'œuvre la rapproche davantage du cinéma que des expérimentations hypertextuelles abondamment diffusées sur le Web.

La linéarité du récit supporte aussi la trame narrative, une page remplaçant l'autre, « liquidant » l'autre. Sur fond d'enquête policière, l'histoire permet de jeter un regard amusé sur l'économie, l'art et le divertissement dans une société d'abondance qui finit par tout rejeter. C'est aussi par extension l'univers du Web qui est en cause dans cette œuvre, celui-ci étant également toujours obsolète parce que continuellement renouvelé.

 

Pascale Trudel
Synchronicité
1998
On pourrait également dire de Synchronicité, comme des autres œuvres commentées précédemment, qu'elle fait partie d'un art de la « connexion » et s'accorde ainsi avec la nature du médium qu'est le Web. La connexion dont il est question dans cette œuvre est celle avec le passé et avec la famille. En cela, elle s'apparente au phénomène des nombreuses pages personnelles publiées sur le Web. De plus, l'œuvre mise sur la correspondance entre la structure arborescente du Web et celle de la famille (arbre généalogique).

D'anciennes photos constituent le matériau de base de ce projet. La liste de choix multiples utilisée pour la navigation a pour effet d'éviter toute hiérarchisation - pour créer une synchronie - parmi ces images, figurant ainsi que les souvenirs qu'elles déclenchent se produisent tous dans cet espace indifférencié qu'est la mémoire. Le menu déroulant - cet élément si familier des pages Web, surtout utilisé pour les formulaires - sert aussi à révéler ce qui est caché, à exprimer un retrait dans la surface, à supposer un dessous des choses. Retouchées, recadrées de manière à mettre l'accent sur un détail, ces photographies acquièrent une profondeur, celle du souvenir. Les fichiers sonores, en particulier, toujours situés à la fin du cheminement rétrospectif et exploratoire découlant de chaque image, ont pour effet d'accentuer l'idée du temps et de la résonance intérieure.

Les photographies représentent souvent deux individus (ou davantage) et sont donc déjà l'image d'une relation, d'une connexion à creuser. À maintes reprises, la dualité, le couple comme fondement de la famille ou du lien à l'autre sont intensifiés par une animation (par un GIF animé ou une instruction en JavaScript) qui « redonne vie » aux individus et à la relation intime qui les unit. La technologie JavaScript - qui était encore peu employée à l'époque par les artistes - permet de faire chavirer les images, d'en révéler l'envers grâce à un simple effleurement de leur surface (mouseOver), exprimant ainsi une volonté d'aller plus loin que l'apparence première.

 

Richard Barbeau
Perec
Avril 1998
Outre l'écran de l'ordinateur, qui constitue à lui seul un nouveau support textuel, les technologies du Web ont fourni des outils inédits de visualisation et de spatialisation du texte qui nous ont amenés à revoir nos conceptions à son égard. De nombreux artistes, tel Richard Barbeau, ont souhaité exploiter le potentiel de cette nouvelle surface pour l'écrit (luminosité, couleurs, dimensions, etc.) ainsi que les possibilités de structuration du texte : ses modes d'apparition et de succession, sa mouvance, bref, son déploiement dans l'espace. Perec met précisément à l'épreuve ces nouvelles conditions de spatialisation du texte.

En recourant aux moyens offerts par le Web, l'œuvre prend modèle sur le défi que constitue le roman La disparition de Georges Perec, récit fondé sur une vaste difficulté, celle de raconter une histoire sans utiliser le « e », la lettre la plus fréquente en français. Empruntant la forme d'un jeu similaire aux mots croisés ou au scrabble, Perec présente 25 tableaux dans lesquels prennent place autant de phrases à reconstituer selon un parcours chaque fois différent. Ces routes sinueuses suivies par les expressions rendent la lecture difficile et l'activité de déchiffrement ardue. Le travail demandé mise sur le processus lui-même plutôt que sur la résolution de l'énigme comme telle. Ainsi, la recherche du sens ne pourra qu'être graduelle et toujours partielle parce que l'exercice de désorientation auquel se livre le lecteur est une fin en soi. Pour l'artiste, comme pour l'écrivain chez qui il a trouvé l'inspiration, il s'agit de déjouer les règles, de confondre le lecteur pour l'amener à une nouvelle prise de conscience du langage.

Perec met de l'avant que le cyberespace offre d'autres types de manifestations et de continuités pour le texte que celles fournies par l'imprimé. Les parcours labyrinthiques que les mots effectuent sur la page placent le lecteur devant ce contexte nouveau proposant d'autres linéarités, d'autres habitudes de parcours. L'aspect ludique du projet met en évidence le plaisir de la découverte et de l'expérimentation découlant de ces nouvelles possibilités textuelles offertes par le cyberespace.

 

Julie Méalin, Valérie Jodoin et Éric Mattson
Eugénie
Mars 1998
Plusieurs projets artistiques sur le Web ont pour thématique les récents développements dans le secteur des technologies de la reproduction et de la génétique (parmi les plus connus, mentionnons les œuvres du collectif Critical Art Ensemble ou celles d'Eduardo Kac). Eugénie, pour sa part, fait allusion à l'eugénisme, la science qui étudie et préconise les méthodes pour "améliorer" l'espèce humaine… Même si tous les secteurs de la création et de la culture sont envahis par les questionnements issus de ces "progrès" scientifiques, tant ceux-ci transforment la conception que nous avons du corps humain et de l'identité de l'individu, le Web se révèle un espace fort approprié pour traiter de ces thèmes; le cyberespace est lui aussi de nature technologique et répond au désir de "reproduction", de "clonage", de "procréation" par sa faculté de s'adresser à la dimension virtuelle de l'individu, à son prolongement, à son double, à sa présence imaginée et incarnée dans l'espace numérique.

Avec beaucoup d'ironie, mais aussi une grande efficacité parce qu'elle mime adroitement le langage médical et les structures de cet environnement, Eugénie, le laboratoire virtuel d'insémination artificielle propose au visiteur une banque de sperme de personnalités publiques fort connues à partir de laquelle il est possible de concevoir une progéniture. Tout y est, du profil du personnel à celui des donneurs en passant par les arbres généalogiques et les études démographiques, autant de sections du projet qui nous font croire au sérieux d'une telle entreprise. Dans cet univers où l'individu se résume à son sperme et aux propriétés(!) de ce dernier, à son code génétique, l'être humain est réduit à des données et sa valeur personnelle est mesurée par des quantités et des caractéristiques. À l'heure de l'idéalisation excessive du corps, alors que toutes les modifications/additions/suppressions paraissent permises, le projet fait ressortir la volonté actuelle abusive de contrôler son corps et son identité ainsi que ceux de sa descendance.

L'œuvre donne lieu, enfin, à une intéressante « collection » constituée par ses participants et à des « connexions » (arbres généalogiques) entre les différentes « contributions » qui correspondent tout à fait à la nature de l'art en réseau.

 

David Tomas
The Encoded Eye, the Archive and its Engine House
1998-2000
Le projet de David Tomas se présente comme un livre situé dans un environnement numérique tridimensionnel où s'interpose un ensemble de plans et d'espaces construits, le lecteur se trouvant en situation de quête de l'information au sein d'un parcours virtuel. Cette œuvre réalisée grâce à la technologie VRML (Virtual Reality Modelling Language) - qui s'apparente aux outils de modélisation utilisés par les architectes - illustre le nouveau défi de localisation et de récupération de l'information auquel fait face le visiteur à l'ère du numérique.

Le projet rend aussi apparent - grâce à la métaphore de la locomotive - le fait que toute publication sur le Web est l'objet d'une négociation avec la "machine" et transite obligatoirement par elle. Le recours à des technologies de l'ère industrielle telles que les chemins de fer permet de créer une distance par rapport à la technologie numérique pour mieux la questionner et établir un rapport entre deux époques. À ce propos, les trois essais rédigés par l'artiste - aussi professeur en arts médiatiques et nouveaux médias - concernent précisément les transformations découlant de ce mode de déplacement et de communication du 19e siècle qu'est le transport ferroviaire. L'artiste émet ainsi l'idée que des changements similaires prennent forme actuellement, en lien avec le support numérique et Internet.

La circularité des deux architectures emblématiques utilisées pour la spatialisation de ce projet - le Roundhouse, premier hangar circulaire conçu pour l'entreposage des locomotives, et le Circular Reading Room du British Museum, qui ont tous deux vu le jour à l'époque de la révolution industrielle - projette le visiteur dans un espace sans commencement ni fin, suggérant la disparition de tels repères traditionnels dans le contexte des médias numériques.

 

Robert Saucier
Chronique du premier jour
1999
Un des éléments les plus frappants de l'œuvre de Robert Saucier est le rapport entre les images en "surface" et une couche de "fond" d'abord invisible, mais qui apparaît par un simple passage du curseur (mouseOver). Chronique du premier jour exploite les possibilités du langage JavaScript afin d'exprimer l'idée d'un sous-texte caché, de contenus enfouis, d'un contexte qui n'est pas immédiatement donné. En balayant la surface, le spectateur a l'impression de peler de fines bandes, et d'effectuer ainsi une entaille momentanée dans l'image, une brisure dans sa continuité, dans son intégrité. L'image qui se reconstitue par la suite n'est plus jamais la même parce qu'il a alors conscience d'un univers caché et qu'il a tissé des liens entre les deux plans. C'est bien à cette prise de conscience d'un environnement sous-jacent qu'est amené le visiteur.

Les images offertes en surface concernent l'homme en rapport avec les moyens techniques de la représentation : photographie, dispositifs de mesure et de visualisation, etc. Elles recouvrent des fragments de textes puisés dans les médias d'information (radio, journaux, télévision) dont plusieurs, entrecoupés de faits divers, traitent des avancées de la science dans le domaine des transports et de la conquête spatiale. Ces phrases extraites de textes plus longs produisent un ensemble incohérent dont la lecture s'apparente au « zapping » et qui n'informe finalement que très partiellement. Il en résulte un « bruit », celui-là même des médias envahissant l'espace et menant à l'incompréhension plutôt qu'à la véritable saisie du monde que ces derniers prétendent accomplir. L'œuvre propose que le bavardage incessant des médias finit par hanter toute représentation et s'installer subrepticement dans notre perception du monde.

 

Valérie Lamontagne
The Advice Bunny
Mars 1999 jusqu'à aujourd'hui
The Advice Bunny est un site Web associé à une série de performances durant lesquelles l'artiste se costume en lapin et prodigue ses conseils aux individus. Le site accomplit les mêmes visées que les performances, dont il constitue en quelque sorte une extension dans le cyberespace. Tandis que celles-ci prennent place lors de circonstances particulières, imprévues ou planifiées dans le cadre d'expositions ou d'événements en art contemporain (lorsque le lapin « sort de sa boîte »), le site Web joue le rôle de « résidence » du lapin-conseil, si on peut dire, un lieu où il peut être trouvé à toute heure et qui permet à cet être fantaisiste de maintenir une existence active et interactive.

Le projet est fondé sur la propension des individus à mettre à l'épreuve leur identité dans le cyberespace, à la modifier, à expérimenter des jeux de rôles sous le couvert de l'anonymat. The Advice Bunny propose que le cyberespace est un lieu d'invention de soi, d'expression, de fantaisie et de transformation. Non sans humour - et la distance critique qui l'accompagne - ce personnage fictif prend vie dans son environnement, invitant aussi au questionnement, à la redéfinition, à la création de soi.

Dans cet univers, la machine - qui peut être perçue comme envahissante et menaçante - fait place à un lapin, à la fois inoffensif et averti, c'est-à-dire accueillant. L'œuvre met de l'avant que les technologies de la communication peuvent favoriser des relations interindividuelles moins fugitives, plus personnelles et créatives. Elle propose que la recherche de soi passe par l'interaction et la disponibilité de l'autre. De plus, le projet suggère que cette quête personnelle puisse se produire dans le réel, le cyberespace constituant un lieu de transition pour le lapin-conseil comme pour tous ceux qui ont recours à lui.

 

Daniel Dion
Sablier
1999
Une préoccupation fréquente dans l'art Web est la volonté d'intégrer le monde organique - le milieu naturel sous toutes ses formes et l'être humain par-dessus tout - au sein d'un environnement numérique artificiel pouvant être perçu comme étranger et hostile. Par conséquent, les références à la nature abondent dans ce champ de la création. Sablier de Daniel Dion comprend un ensemble de paysages, genre qui traite précisément des rapports entre l'homme et la nature, tantôt harmonieux et tantôt conflictuels. L'utilisation de la technologie QuickTime VR permet de réaliser des scènes naturelles éloquentes - à partir de documents photographiques, notamment - et de susciter un engagement accentué du spectateur envers celles-ci. L'horizontalité des vues (les versions 4 et inférieures de QTVR offrent des panoramas à 180º) et la possibilité de se « déplacer » selon le même axe s'accordent traditionnellement avec ce genre. De plus, le spectateur s'associe à un point central à partir duquel se déploie le monde, position qui invite fortement à questionner sa relation au milieu naturel représenté.

Bien que cette technologie donne l'illusion d'un enveloppement spatial et paraisse miser sur la création d'espace avant tout, la dimension temporelle qu'elle permet d'exploiter et de mettre au jour s'avère fondamentale. Issue de QuickTime, ce module externe (plugin) utilisé pour la création et la diffusion de fichiers vidéo, elle suppose un déroulement dans le temps qui, contrairement à ce qui se passe dans une bande vidéo, peut se produire dans un sens comme dans l'autre. Et c'est bien ce dont il est question dans cette œuvre - ainsi que l'affirment le titre et l'image de départ - qui engage le spectateur à effectuer un parcours aussi bien prospectif que rétrospectif. L'œuvre concerne le destin de l'individu au sein du monde organique de même que son origine, les textes qui se superposent aux paysages inversés formant autant de traces de ce destin. Le regard que pose le spectateur sur les images panoramiques, à travers un cadre de format chaque fois différent, ne peut être que partiel. Sa compréhension des questions métaphysiques évoquées par l'œuvre s'avère partielle, elle aussi, par extension.

 

Karen Trask
L'Orme
2000
Dans L'Orme, Karen Trask raconte une anecdote vécue, la recherche d'un orme lors d'une promenade. Cette aventure, lorsqu'elle est transposée sur le Web, prend aussi la forme d'un parcours et d'une découverte parce qu'elle s'appuie sur une interactivité en accord avec le propos relaté. Le récit lui-même est soutenu par une trame sonore, et il s'évanouit au fur et à mesure que l'histoire est énoncée, comme tout acte de parole. Toutefois, l'utilisation du son permet de miser sur sa faculté de réverbérer et de se frayer un chemin jusque dans la mémoire. Il reste quelque chose de ce son, quelque chose qui est impalpable et invisible mais néanmoins présent et actif. Et c'est précisément de la mémoire qu'il est question dans cette œuvre, de son caractère intangible et malgré tout persistant.

L'image à découvrir, construite à partir d'une photographie de l'orme ayant fait l'objet de plusieurs manipulations avant d'être intégrée dans le projet - imprimée à deux reprises, elle a ensuite été découpée en lanières, puis reconstituée de telle sorte que deux versions ont été juxtaposées, à l'endroit et inversée - accompagne la trame sonore en renforçant les mêmes idées. Si le travail effectué sur cette image lui procure une texture considérable, comme pour compenser pour son écart par rapport au réel et l'évoquer plus fortement, l'animation (réalisée à l'aide de la technologie Flash) la rend complètement insaisissable. La trajectoire empruntée par le spectateur fait apparaître des zones qui s'évanouissent tout aussitôt, la quête de l'image s'apparentant ainsi à la recherche obstinée de l'orme relatée dans l'histoire. De plus, le tissage de l'image trouve un écho dans celui créé par le parcours du spectateur se déplaçant dans tous les sens afin de la récupérer. Le caractère double de l'image ne procure pas davantage la saisie recherchée et agit plutôt comme un miroir, tout aussi impuissant à réaliser une emprise. L'envers du vide ne correspond pas au plein souhaité, c'est-à-dire à une re-matérialisation, un retour à l'origine recherchée (l'arbre). Le vide finit par prendre le dessus et l'écran dénudé le figure. En ce sens, il fait référence à la mémoire, liée aux contenus passés mais dépourvue de manifestation concrète. L'efficacité de l'œuvre réside dans sa prise en compte de l'environnement du Web, s'apparentant à la mémoire, espace virtuel, réservoir qui ne laisse pas saisir sa profondeur.

 

Brad Todd
Hearing Loss
Décembre 2000
Dans cette œuvre, Brad Todd utilise comme interface le modèle d'une oreille employé en acupuncture. De la même façon qu'une aiguille qui s'enfonce dans un point précis de l'oreille crée un stimulus dans une partie du corps, le "toucher" d'une zone de cette image déclenche des sons, la surface de l'écran étant comparée à un organe sensoriel qu'il est possible d'activer. Par conséquent, ce projet propose que l'ordinateur et le Web s'apparentent au cerveau et au système nerveux, ce qui se rapproche de nombreuses analogies mises de l'avant par les artistes et les théoriciens des nouveaux médias ces dernières années.

Par ailleurs, lorsque le spectateur appuie sur l'un des points sensibles, un autre niveau d'expérience se superpose; des images fixes ou en mouvement viennent se greffer à l'oreille, l'entourant ou la recouvrant. À leur tour, les sons produisent des images, c'est-à-dire qu'ils donnent lieu à des associations visuelles. Or, les multiples images de toutes sortes qui résultent de ce parcours ne sont pas forcément liées de manière évidente aux sons qui les ont suscitées. L'œuvre suggère ainsi que l'univers sonore a un pouvoir d'évocation très étendu et qu'il est susceptible de rejoindre la mémoire d'une façon imprévisible. Par effleurement (mouseOver) ou pression sur plusieurs points sensibles, la trajectoire du spectateur donne lieu à un collage audiovisuel très riche. Réunissant les sens du toucher, de l'ouïe et de la vue, Hearing Loss tend ainsi vers la synesthésie.

L'œuvre permet d'examiner les rapports entre surface et profondeur, c'est-à-dire entre la perception et la mémoire. Elle invite à considérer l'expérience sonore dans sa faculté de réverbérer, c'est-à-dire de rejoindre des territoires tant extérieurs (de l'ordinateur vers le spectateur) qu'intérieurs (jusqu'à la mémoire). Elle conduit à une réflexion au sujet de la localisation de l'expérience comme de sa délocalisation à l'heure des nouvelles technologies de la communication.

 

Les causes perdues in© (Martin Mainguy et Alain-Martin Richard)
L'atopie textuelle est une cause qui se perd
Décembre 2000
L'Atopie textuelle est une cause qui se perd comporte deux niveaux de manifestation. Une sculpture monumentale à l'origine du projet, formée de quatre panneaux comprenant 476 fragments circulaires - les palets - sert d'ancrage matériel au projet. Distribués au public, ces palets circulent d'un individu à un autre et voyagent selon des itinéraires imprévisibles; chaque fois que quelqu'un s'engage à participer au projet, il fait don d'une production numérique (sonore, textuelle, visuelle). Le site Web, quant à lui, sert d'espace d'archivage et de repérage. Il recueille ces productions, témoigne de la trajectoire des palets et rend compte de la création collective générée par le projet.

Ainsi l'idée de départ et la communauté qui a accepté d'y adhérer s'accroissent. Les échanges se multiplient, pour former des collages multimédias publiés sur le Web grâce à la concaténation des dons résultant des transferts de palets ayant eu cours dans le réel. Les productions se développent sur le modèle du cadavre exquis, définies par le prochain ajout, sans qu'il soit possible de prédire la teneur de celui-ci. Le projet se nourrit de contenus délégués, toujours fragmentaires conceptuellement, leur occurrence s'inscrivant dans une longue suite sémantique.

Ni l'espace géographique ni le cyberespace ne suffisent à rendre compte de ce projet de manière exclusive. Ni l'un ni l'autre ne sont idéalisés par les artistes initiateurs, qui nous invitent plutôt à les concevoir dans une absolue complémentarité. Réalisée par Alain-Martin Richard - un artiste des domaines de la performance et de l'écriture - et Martin Mainguy - issu du milieu de l'architecture, du design et de l'installation - L'atopie textuelle montre un parti pris pour une intersection entre les disciplines et un aller-retour entre les mondes réel et virtuel, dans leur potentiel respectif et dans ce qu'ils peuvent s'apporter l'un l'autre. Ainsi, l'œuvre est une invitation à se déplacer, aussi bien d'un endroit physique à un autre que sur le Web, et à déplacer les conceptions traditionnelles de l'art concernant l'auteur unique et l'objet fini.

 

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Pascale Malaterre
Mère catalane, père occitan. Née au Maroc en 1962. Découvre le Québec à 6 ans. En se basant sur une solide formation dramaturgique (Conservatoire d'art dramatique, certificat en linguistique, maîtrise autour de l'espace du son, études post-maîtrise en sémiologie) elle cherche à fabriquer des signes déviants, à créer des rituels techno-industriels qui aillent à la rencontre de l'Autre : performances, installations, poésie, textes théoriques, dramaturgie électro, vidéos... puis le cyberespace depuis 1995. Elle a été en résidence dans plusieurs centres multimédias en France et au Québec, finaliste au prestigieux Prix Italia en 1992, responsable du volet vidéo et multimédia du Festival du Cinéma Québécois de Blois de 1991 à 1996. Dialogue actuellement avec des entités 3D, monstrueuses évidemment.

Frédérick Belzile
Frédérick Belzile vit à Montréal. Elle œuvre dans le domaine des médias électroniques : installations vidéo et sonores, médias interactifs, Web, etc. Elle complète en ce moment une œuvre interactive sur cédérom qui devrait être disponible à la fin de l'année. Dreamed.org est son seul projet sur le Web.

Doyon/Demers
Indisciplinaires, c'est-à-dire sans discipline fixe et indisciplinés, Hélène Doyon et Jean-Pierre Demers forment, depuis 1987, Doyon/Demers. Ils ont produit à ce titre plusieurs actions, manoeuvres, performances et événements où le citoyen volontaire est, vu d'un certain angle, à la fois matériau et auteur dispersé. Socio-esthéticiens (leur action visant l'exploration des liens socioprofessionnels et la création de situations propices aux relations entre les individus), ils s'appliquent ainsi à épiphaniser le quotidien dans le cadre d'expériences esthétiques explorant le rapport à l'autre, au hasard de rencontres ou au sein de micro-communautés affinitaires, contextuelles et d'intérêts. C'est dire que leurs interventions s'expriment entre l'œuvre d'art et quelque chose d'autre, c'est-à-dire dans des zones grises qui sont à la fois affiliées à la sphère de l'art et, dans les faits, identifiées à l'esthétique communautaire qui leur a donné lieu, soit en mode d'expression augmentée, réelle ou virtuelle. Natifs de Saint-Raymond-de-Portneuf (Québec), ils sont présentement inscrits au programme de doctorat en Études et pratiques des arts de l'Université du Québec à Montréal. Ils détiennent tous deux une maîtrise en création de la même université ainsi qu'un BFA du Nova Scotia College of Art and Design (Halifax, N.-É.). Ils ont également bénéficié des programmes de résidence du Banff Centre for the Arts (Alberta) et de l'Internationnal Video Art Summer School of Eztergom en Hongrie.

Eva Quintas et Michel Lefebvre
Michel Lefebvre
En tant qu'auteur, Michel Lefebvre a toujours favorisé la diffusion multidisciplinaire de son travail : lectures, publications, radio, expositions et maintenant multimédia. Depuis 1994, il travaille au développement du photo-roman Liquidation sous ses multiples formes : livre, radio, Internet, cédérom. Il a aussi réalisé plusieurs sites Internet pour des institutions et organismes culturels. Sa première collaboration avec Eva Quintas remonte à 1990 avec Portraits/Potins d'artistes montréalais-es, un texte radiophonique jumelé à une exposition photographique présentée à Montréal et à Mexico.

Eva Quintas
Photographe, Eva Quintas expose depuis 1990 au Québec et à l'étranger. Elle plonge en 1997 dans la création Internet en réalisant divers projets et cyber-reportages culturels. Coordonnatrice du collectif de photographes Fovea, elle est aussi fondatrice de l'Agence TOPO, un organisme artistique s'intéressant à la convergence de la photographie, de la littérature et du multimédia.

Pascale Trudel
Pascale Trudel, compositeure et artiste multimédia particulièrement intéressée par le cyberespace, est née à Québec en 1964. Depuis 1986, ses œuvres (musique et/ou art Web) ont été présentées en Amérique du Nord et du Sud ainsi qu'en Europe, en concert, à la radio, sur disques compacts, dans les galeries d'art et musées, de même que sur Internet. À Montréal, en 2000-2001, sa nouvelle pièce de musique électroacoustique Soleil qui inonde mes mains était jouée lors du concert Rien à voir (8), dans le cadre du festival SuperMicMac au Musée d'art contemporain, et elle signait Constellations, une installation Web, pour Les HTMlles, le Festival de cyberart du Studio XX, à la Cinémathèque québécoise.

Julie Méalin, Valérie Jodoin et Éric Mattson
Julie Méalin
Julie Méalin est passionnée par les enjeux des nouvelles technologies de reproduction. Elle a commencé par mettre en forme Eugénie, critique des visées eugénistes de l'insémination artificielle, puis dans le même ordre d'idées elle a distribué du sperme provenant d'un seul homme dans un parc animalier (zoo) en Allemagne, dans le cadre de l'exposition Menschenpark. Elle travaille présentement à un film d'animation.

Valérie Jodoin
Valérie Jodoin est finissante à l’École Polytechnique de Montréal en génie informatique. Elle s’intéresse de près au développement des technologies biomédicales et aux questions éthiques qui s’y rattachent. Elle compte poursuivre des études dans le domaine de la biorobotique.

Richard Barbeau
Richard Barbeau a étudié les arts visuels à l'Université d'Ottawa (1980-1983) et l'histoire de l'art à l'Université de Montréal (1985-1989). Il a exercé par la suite une pratique en arts visuels (sculpture, vidéo). Depuis 1997, sa pratique est exclusivement dédiée au Web. Richard Barbeau a aussi publié un certain nombre d'articles théoriques et critiques ainsi que des entrevues, dans les revues en ligne Archée et Chair et métal. II vit à Montréal et enseigne l'histoire de l'art et l'art numérique au Collège de Sherbrooke.

Petra Mueller
Née à Berlin, Petra Mueller vit à Montréal et complète présentement un doctorat en communications à l'Université Concordia. Au fil de son exploration de divers supports et formes de structures narratives, elle a présenté At the Station, Stationary. Berlin Alexanderplatz to Sony City (qui faisait partie de l'exposition The Modernist Document, à laquelle participaient également Stan Douglas, Catherine Opie, Charles Gagnon et Moyra Davey à la Leonard & Bina Ellen Art Gallery, Montréal, 1999) et The Tightrope Walker (Ace Art, Winnipeg, 1995). Pour la série Trilogie Urbaine, elle était co-auteure du livre Piercing en collaboration avec Larry Tremblay (Dazibao, Montréal, 1999). Ses œuvres ont été incluses dans les expositions Fuite et Repaire (Dazibao, Montréal, 1996), Noise in the Dark (Galerie 303, Montréal, 1996), Drawing and Activism (Saw Video, Ottawa, 1995), et dans les festivals d'art électronique Manifestation internationale vidéo et art électronique (Champ Libre, Montréal, 1997), Maid in Cyberspace (Studio XX, Montréal, 1997), et Spring Breakup, A Festival of Canadian Web Art (InterAccess, Toronto,1997). Son œuvre Web The Love Money Weather Project a été réalisée en 1996.

David Tomas
David Tomas est un artiste du multimédia qui explore les cultures et transcultures des systèmes de visualisation. Il a exposé ses œuvres au Canada, aux États-Unis et en Europe. En 1994-1995, il a été nommé Mellon Fellow du California Institute of the Arts et en 1997, il a été Visiting Research Fellow au Goldsmiths College de la University of London. David Tomas est l'auteur de Transcultural Space and Transcultural Beings (1996) et du livre Internet intitulé The Encoded Eye, the Archive, and its Engine House (1998-2000), qui a été récemment publié comme livre électronique de recherche par le Center for Digital Discourse and Culture, Virginia Tech. Il a également écrit des articles sur les cultures des systèmes d'images, l'histoire de la cybernétique, les cyborgs, et les pratiques de l'art contemporain. Il travaille présentement à la réalisation d'un ensemble de dessins et à une collection d'essais (prévue pour 2002) qui explorent les approches déviantes de l'histoire des nouveaux médias. David Tomas enseigne aussi le multimédia et l'interactivité au département d'arts plastiques de l'Université du Québec à Montréal.

Robert Saucier
Originaire d'Edmundston au Nouveau-Brunswick, Robert Saucier vit et travaille à Montréal depuis 1974. Il a montré ses œuvres dans une quinzaine d'expositions individuelles et dans une trentaine d'expositions de groupes au cours des vingt dernières années. À partir de 1985, divers mécanismes et des composantes électroniques (détecteurs de mouvement, minuteries, relais, etc.) deviennent une partie intégrante de ses œuvres. Pendant plusieurs années, il utilise autant comme matière première que comme référents conceptuels des piles photovoltaïques communément appelées capteurs solaires, avec différents types de sources lumineuses ainsi que des radios transistors et des enregistrements sur bandes magnétiques ou CD. Un intérêt particulier est porté aux grands moyens de communication (radio, télévision, Internet, etc.) et à leur envahissement de notre espace autant physique qu'intellectuel. Bien que très différentes les unes des autres, les oeuvres résultantes partagent certaines caractéristiques - détecté par une cellule photo-électrique, le déplacement du spectateur enclenche des mécanismes motorisés ou des dispositifs sonores. Elles amplifient la magie des technologies sous-jacentes mais exposent aussi la futilité de certaines utilisations. Dans ces environnements contrôlés, l'aléatoire et le vertige demeurent.

Karen Trask
Karen Trask est née à Fergus, en Ontario, en 1954. Elle a complété ses études de baccalauréat en arts visuels à l'Université de Waterloo en 1978. Par la suite, elle a déménagé à Québec et elle a été une membre active du studio de gravure Engramme pendant plusieurs années. Elle s'est progressivement intéressée aux possibilités sculpturales du papier fait main. Ses sculptures intègrent fréquemment la lithographie et le papier moulé. En 1995, elle déménage à Montréal où elle continue ses études en art. Elle obtient un diplôme de maîtrise en sculpture de l'Université Concordia en 1999 et continue de travailler avec le papier sous plusieurs formes. L'écriture et la vidéo deviennent de plus en plus présentes dans son travail récent. Elle a obtenu plusieurs prix pour son travail, incluant le prix Papier à la Biennale du dessin, de l'estampe et du papier, en 1989 et en 1997.

Valérie Lamontagne
Valérie Lamontagne est artiste, critique et conservatrice indépendante à Montréal. Elle travaille au sein de plusieurs disciplines telles que le Web, le dessin, la peinture, l'installation, la photographie et la performance. Son travail explore l'imagerie populaire, sentimentale et kitsch au sein des pratiques en arts contemporains. Sa performance Advice Bunny a été présentée au Canada dans plusieurs lieux, tels que Plein Sud (2000), Hamilton Artists Inc. (2000), la Pitt Gallery (1999) et la galerie Bourget de l'Université Concordia (1999). Sa plus récente exposition/performance, The Snow Flake Queen, a été présentée en avril dernier à la galerie Truck, située à Calgary, de même qu'au Torre de los Vientos à Mexico, avec le collectif d'artistes Ramble. Ses projets à venir incluent une performance intitulée Mermaid, qui sera présentée dans le contexte de l'événement Visualeyez organisé par Latitude53 à Edmonton, en Alberta, de même qu'une performance diffusée sur le Web en direct, The Advice Bunny Talkshow, qui sera produite et présentée en collaboration avec la Galerie Oboro à Montréal.

Valérie Lamontagne écrit régulièrement sur les nouveaux médias et la performance dans des publications telles que Parachute, Archée, Rhizome et le Magazine électronique du CIAC. Elle a organisé Maid in Cyberspace Web Festival (2000) au Studio XX, un centre féministe en nouveaux médias. Ses projets de commissariat à venir incluent Emplacement/Déplacement, une exposition d'art Web présentée dans le cadre de la Saison du Québec à New York et conçue en collaboration avec Sylvie Parent. Elle est cofondatrice du site Web MobileGaze (http://www.mobilegaze.com) qui présente des pratiques artistiques et des entrevues avec des artistes et des producteurs du milieu des nouveaux médias. Elle prépare une exposition en ligne intitulée Matter and Memory.

Daniel Dion
Depuis plus de vingt ans, Daniel Dion œuvre dans le domaine de la vidéo, de la photographie, de l'installation et des nouveaux médias. Il a présenté son travail lors d'expositions personnelles au Musée des beaux-arts du Canada (1993), au Centre international d'art contemporain (1994), à la Vancouver Art Gallery (1983) et au Musée d'art contemporain de Montréal (1989), notamment. Sablier a été présentée dans le volet art électronique de La Biennale de Montréal 2000. Cofondateur et codirecteur d'Oboro à Montréal, un centre d'exposition et de production en art contemporain, Daniel Dion a conçu et coordonné plusieurs événements depuis 1983. Son site Web regroupe de nombreux projets.

Brad Todd
Brad Todd a étudié au Alberta College of Art à Calgary et a complété une maîtrise en arts à l'Université Corcordia de Montréal en 1993. Il a travaillé avec de nombreux médiums et a exposé son travail à plusieurs reprises. Ses œuvres actuelles ont été presque exclusivement réalisées avec la technologie numérique. Brad Todd a présenté ses œuvres Web dans plusieurs événements internationaux tels qu'ISEA 2000 à Paris, INFOS 2000 à Ljubjana en Slovénie et au FCMM 2000 à Montréal. Il est un des cofondateurs du journal électronique MobileGaze.

Atopie
Les Causes perdues in© sont Martin Mainguy et Alain-Martin Richard accompagnés dans leurs projets inespérés par de multiples supporteurs et poètes ravageurs qui font tout ce qu'ils peuvent pour injecter de la poésie dans le réel. Cette association se plaît à inventer des "causes" qui reposent sur le paradoxe et le risque. Dès lors qu'elle met en place un système dynamique dans une structure ubiquitaire, aucune cause ne peut être totalement perdue. Sa réalité est concrète dans chacune de ses composantes, mais jamais intégrale en tant qu'objet fini. Cette cause qui se perd se réifie dans le mouvement et la circulation. La genèse même de ce projet en est un bon exemple : les Causes perdues in© ont conçu ce projet lors d'une série de rencontres aléatoires à leur siège social, à savoir les sièges de bus du circuit 7 à Québec.

Martin Mainguy
Martin Mainguy est un praticien de l'architecture et du design, de même qu'un chercheur de l'imaginaire. Professeur au département des arts du Cégep de Sainte-Foy depuis quelques années, il a exercé au sein de plusieurs contextes professionnels reliés aux arts appliqués : métiers d'art, design d'exposition, scénographie et décors, aménagement intérieur, architecture et urbanisme. Animée par une réflexion décloisonnée sur l'art, la création et la société, sa recherche gravite autour des moyens de rendre présents et palpables la poésie et le jeu dans l'espace construit. Il a réalisé quelques expositions/installations thématiques sur la ville dont : À la recherche d'un centre-ville en 1993, La Ville Idéale en 1994 et Tour de Ville en 1998.

Alain-Martin Richard
Performeur, éditeur, critique et essayiste, Alain-Martin Richard a développé au fil des ans une pratique multidisciplinaire sur les questions de l'art dans la société et de la pratique de l'art comme phénomène poétique, comme philosophie en actes. L'expérimentation de pratiques non reliées au champ de l'art, l'utilisation de matériaux usuels non retravaillés, l'usage des technologies comme médium familier, mais surtout les conditions objectives de l'expérimentation artistique soutiennent une grande partie de sa production. Il a conçu et organisé des événements comme Le Marathon d'écriture en 1983, le Symposium d'Amos en 1997, et a présenté de nombreuses performances non itératives sur l'espace, le mouvement, la célérité, l'identité et la responsabilité individuelle dans un monde marqué par le postmodernisme et la banalisation de tous les paramètres. A été membre du groupe The Nomads et du collectif Inter/Le Lieu.



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