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L'HYPERESPACE
À quelques jours de l'an 2000, nous pouvons certes nous rendre compte que
l'odyssée de l'espace réalisable aujourd'hui n'aura pas été celle projetée
quelques décennies auparavant, pendant une période pas si lointaine où un
futur proche semblait promettre la possibilité physique de voyages réels à
la grandeur de l'univers et à travers l'espace-temps (avec une conception du
futur demeurant finalement très traditionnaliste, impérialiste et
colonialiste, les autres planètes remplaçant l'Afrique ou le Far-West).
Le développement de la technologie, en ce tournant de siècle et de
millénaire, nous a fait dévier de cap: le terme de navigation est désormais
utilisé tous les jours de manière métaphorique pour parler, non de voyages
réels sur la mer ou dans l'espace, mais des voyages virtuels effectués dans
l'"hyperespace" (Jean Clément, "L'hypertexte de fiction: naissance d'un
nouveau genre?"), ou
comme on l'appelle aussi généralement, le "cyberespace", cet "espace
multidimensionnel" ouvert sur le "web", la toile informatique qui recouvre
aujourd'hui le monde et continue à se raméfier:
"Tel passage que je suis en train de lire sur mon écran n'est plus enchaîné
à celui
qui lui succède immédiatement. Il s'inscrit dans une structure
hypertextuelle qui tisse entre les divers fragments un réseau complexe de
liens potentiels. Ma lecture n'est donc plus soumise à l'ordre immuable des
pages, elle ouvre sur un nouvel espace que je parcourrai désormais au gré de
mes humeurs ou de mes curiosités, lecteur-explorateur d'un nouveau type de
texte aux perspectives sans cesse en mouvement." (Jean Clément,
"L'hypertexte de fiction: naissance d'un nouveau genre?")
UN NOUVEAU SUJET VIRTUEL
Ainsi notre monde s'est-il renouvelé de manière beaucoup plus profonde, au
niveau de notre conception même de la communication, des rapports humains,
et même du domaine de l'intime. Car nous nous sommes vu offrir non pas un
autre moyen de locomotion, mais une véritable extension de soi, une
duplication de notre cerveau: c'est-à-dire l'ordinateur personnel, capable
de comprendre et de manipuler les signes des langages naturels et
logico-mathématiques, et doué aussi de mémoire; en combinant cet ordinateur
à un téléphone, il est devenu possible de plus de se projeter soi-même, sous
forme de sujet virtuel, de présence virtuelle, sur d'autres écrans, et
d'échanger idées, désirs, fantasmes et récits. Ainsi nous avons pu établir
des réseaux (potentiellement infinis) à travers d'innombrables documents, et
entreprendre des voyages virtuels dans les microcosmes que constituent les
textes, les images, les sons interconnectés.
L'HYPERTEXTE DE FICTION: NAISSANCE D'UN NOUVEAU GENRE?
Dès l'abord, afin de mesurer exactement l'impact de ce formidable outil
qu'est l'ordinateur dans le domaine littéraire, il faudrait rappeler la
distinction entre la notion de texte classique et la notion de "texte" telle
que définie par les théoriciens post-structuralistes et post-modernes. En
effet, cette dernière notion de texte a été introduite par des auteurs comme
Roland Barthes justement afin de cerner ce qu'apportaient de nouveau en
littérature les expérimentations des auteurs de la modernité et de la
post-modernité (en gros de 1850 à nos jours). Or c'est cette même
conception du texte qui a été revendiquée par les auteurs des textes en
littérature électronique pour rendre compte de la spécificité de leurs
oeuvres:
"Ce sont pourtant les écrivains et les théoriciens français de la
littérature qui font figure de pionniers et qui servent de référence aux
yeux des tenants américains de cette nouvelle écriture. Jacques Derrida,
Roland Barthes ou Gérard Genette sont, parmi d'autres, leurs maîtres à
penser."
(Jean Clément, "L'hypertexte de fiction: naissance d'un nouveau genre?")
(Voir aussi George P. Landow, "What's a Critic to Do?", in
Hyper/Text/Theory, John Hopkins University Press, Baltimore & London, 1994,
p.1)
LE TEXTE CLASSIQUE
Le texte est traditionnellement compris comme la transcription fidèle d'une
parole, d'un récit, fixé par l'écriture afin d'en préserver l'intégrité. En
tant que tel, il est entendu (1) que l'auteur doit lui assigner un début, un
milieu et une fin, et (2) qu'il doit offrir à la lecture un sens linéaire,
unique et précis que (3) le travail du lecteur sera d'interpréter
correctement.
En résumé, le texte classique est une unité fermée sur elle-même (une unité
linguistique + une unité sémantique), et le travail d'écriture y est
nettement séparé du travail de lecture:
l'auteur reste maître de son texte; le lecteur se doit de respecter cette
maîtrise, et sa tâche consiste à retracer le parcours linéaire de lecture
assigné d'avance par l'auteur, et à saisir un sens également déterminé
d'avance. Si plusieurs interprétations s'avèrent possibles, il est entendu
que l'une d'entre elles sera considérée à la fin comme meilleure que les
autres: ce sera celle jugée la plus fidèle au sens du texte original.
LE TEXTE POST-MODERNE
Cette notion est issue de la rencontre du structuralisme, du marxisme et du
freudisme à la fin des années 60, principalement en France: le texte est
désormais pensé comme un "fragment de langage placé lui-même dans une
perspective de langages." (Roland Barthes, "Texte (théorie du)", in
Encyclopedia Universalis).
Ferdinand de Saussure, le père du structuralisme, a contribué à éclairer le
fonctionnement du langage et du texte en définissant l'élément de base de
tout langage articulé, c'est-à-dire le signe, comme la rencontre d'un
signifiant (matérialité des lettres et de leur enchaînement en mots, en
phrases, en paragraphes, en chapitres) et d'un signifié ( le sens). Il a
insisté avant tout sur la nature arbitraire de cette rencontre.
Le marxisme et le freudisme, que l'on soit ou non d'accord avec l'ensemble
de leurs thèses, ont néanmoins constitué les deux grandes théories critiques
de ce siècle, remettant en question les bases de la conception classique du
sujet (centre du monde, maître de soi et de ses énoncés) et de son rapport
au langage. Ainsi le marxisme a su montrer à quel point les sujets et la
marche du monde sont en fait dépendants de l'ordre économique; le freudisme,
que l'inconscient des sujets a une part d'autant plus grande qu'elle reste
ignorée dans la formation de leur personnalité, dans leurs actions et bien
sûr leurs énoncés.
Les théoriciens post-structuralistes se sont ainsi appuyés sur l'arbitraire
du signe tel que défini par Saussure, et sur la critique du sujet classique
et de son rapport au langage du marxisme et du freudisme pour élaborer une
nouvelle conception du texte.
LE JEU DU SIGNIFIANT
Le texte post-moderne n'est plus un produit: c'est une production;
c'est-à-dire qu'il n'est jamais "fini": il est toujours potentiellement
"infini"; car le texte post-moderne met en scène le jeu du signifiant. Dans
un tel texte, le signifiant prime sur le signifié, en ce sens que le texte
échappe à son auteur comme à son lecteur: le texte "n'appartient" à
personne, personne n'en a la maîtrise.
MULTI-LINÉARITÉ DU TEXTE
Le texte comme mise en scène du jeu du signifiant signifie que
l'organisation linéaire classique "début-milieu-fin" est défaite au profit
d'une organisation "stéréographique, du jeu combinatoire" (R.Barthes, "Texte
(théorie du), Encyclopedia Universalis"), fragmentaire, arborescente,
c'est-à-dire aux parcours de lecture démultipliés, un signifiant renvoyant à
un autre signifiant de manière inattendue, autorisant à la lecture des sens
multiples pas nécessairement prévus par l'auteur:
"le sujet de l'écriture et/ou de la lecture n'a pas à faire à des objets
(les oeuvres, les énoncés), mais à des champs (les textes, les
énonciations); il est lui-même pris dans une topologie." (R. Barthes, "Texte
(théorie du), Encyclopedia Universalis)
ATOMISATION DU TEXTE
La multi-linéarité des parcours de l'écriture/lecture rend au signifiant son
autonomie par rapport au signifié: le texte s'en trouve éclaté, fragmenté,
atomisé: l'écriture/lecture peut isoler un mot, un fragment, ou
re-contextualiser le texte dans un ensemble de textes.
LA LECTURE COMME ÉCRITURE
Plusieurs lectures, plusieurs parcours de lecture, sont toujours possibles:
aucune n'est a priori meilleure qu'une autre, car c'est la lecture qui à
chaque fois re-crée le texte; ainsi, la distinction entre écriture et
lecture s'efface, comme celle entre auteur et lecteur: la lecture n'est plus
une simple consommation, elle auusi produit du texte, elle aussi est
écriture.
INTERTEXTUALITÉ
Ces parcours de lecture multiples font aussi appel à d'autres textes: c'est
l'intertextualité, qui retrace dans le texte un ensemble d'autres textes,
chacun renvoyant à d'autres textes, potentiellement à l'infini:
"Tout texte est un intertexte; d'autres textes sont présents en lui, à des
niveaux variables, sous des formes plus ou moins reconnaissables: les textes
de la culture antérieure et ceux de la culture environnante; tout texte est
un tissu nouveau de citations révolues.""(R. Barthes, "Texte (théorie du),
Encyclopedia Universalis)
LE TEXTE INFINI
La multiplicité des parcours de lecture possibles, combinée au caractère
intertextuel de la lecture/écriture du texte, contribue à faire éclater ses
limites, en le laissant potentiellement toujours ouvert. Aucune lecture,
donc, n'épuise le texte: il demeure toujours des lectures, des parcours
virtuels possibles.
Enfin, la notion de texte post-moderne ne se limite pas seulement à la
litérature contemporaine ni même à l'écriture: il y a "du texte" nous dit
Roland Barthes, dans les textes classiques, comme aussi dans les ouvrages de
littérature dite "mineure", du moment qu'un parcours de lecture, n'est plus
une simple consommation, mais une production, s'autorise à l'y fait surgir;
de même, dans les oeuvres d'art visuel, photographiques, cinématographiques,
etc, on peut trouver "du texte". (À ce sujet, voir le livre de Roland
Barthes, La Chambre claire, consacré à la photographie, et les travaux de
Christian Metz sur le cinéma).
L'HYPERTEXTE
En informatique, l'hypertexte est d'abord un "ensemble constitué de
"documents" non hiérarchisés reliés entre eux par des "liens" que le lecteur
peut activer et qui permettent un accès rapide à chacun des éléments
constitutifs de l'ensemble. [...] L'organisation d'un hypertexte sur un
domaine particulier suppose non seulement des compétences de spécialistes du
domaine, mais aussi des compétences d'"écriture", dans la mesure où il
s'agit de mettre en place des cheminements possibles et d'imaginer un réseau
complexe de liens qui les organisent et qui seront destinés à être "lus"."
(Jean Clément, "L'hypertexte de fiction: naissance d'un nouveau genre?")
Bien sûr, plusieurs auteurs se sont rapidement emparés de ces nouveaux
moyens de communication et de diffusion. C'est ainsi que la littérature
électronique a vu le jour, dès les années 80, pour connaître une véritable
explosion à partir de 1994 avec l'aide de l'internet, principalement aux
États-Unis.
Il est évident que la conception post-moderne du texte peut s'appliquer
parfaitement bien aux textes littéraires produits au moyen du médium
électronique. Grâce à ce nouveau médium - l'ordinateur! - le "plaisir du
texte" rêvé par les théoriciens post-structuralistes comme Roland Barthes et
par certaines expériences littéraires limites tout au long du XXème siècle
devient une réalité.
En effet, l'ordinateur permet à l'écriture et à la lecture d'acquérir
effectivement cette autre autre logique associative et au texte de
s'organiser selon cette nouvelle structure arborescente décrites par les
théoriciens du texte post-moderne.
ESPACE/TEMPS
Cette nouvelle structure commande un nouvel espace et une nouvelle
temporalité. C'est que l'ordinateur installe effectivement le texte dans un
nouvel espace et une nouvelle temporalité: le déroulement forcément
linéaire du texte et du livre traditionnel (même si dans l'esprit les
retours en arrière, les bonds en avant, les tangentes ailleurs dans d'autres
textes, dans la vie, etc. se sont produits de tout temps bien
évidemment....), le déroulement linéaire, donc, devient véritablement un
déploiement non-linéaire, démultiplié, éclaté, et ce, de manière à peu près
instantanée: il suffit d'appuyer sur une touche du clavier ou de cliquer sur
la souris. Nous voilà dans l'hyperespace.
De plus, avec l'internet, la multiplication des parcours de lecture, comme
les renvois intertextuels, sont devenues immédiatement réalisables: en
cliquant sur des liens installés dans le texte, d'autres textes peuvent
apparaître sur l'écran, et renvoyer eux-mêmes à d'autres textes, etc.
Ainsi, si l'espace du texte se voit l'objet d'une véritable explosion, d'une
mutation dans l'hyperespace, inversement la temporalité du texte se voit
quant à elle aplatie et réduite au point de disparaître dans
l'instantanéité: dans le texte découpé en fragment (tel que l'hypertexte
apparaît au lecteur de par la matérialité de son support, c'est-à-dire
l'écran de l'ordinateur), chacun de ces fragments est immédiatement
accessible grâce à des liens, et peut potentiellement succéder à n'importe
quel autre. Sans ordre pré-établi, la temporalité disparaît. La causalité
également. Ce n'est pas un hasard, dès lors, si un des logiciels les plus
utilisés par les écrivains d'hypertexte se nomme "Storyspace". La fiction
hypertextuelle s'organise d'abord dans l'espace, non dans le temps: le texte
s'y fait jardin, ou labyrinthe.
Le temps dès lors s'y réifie, en une série d'instants que le lecteur peut
revisiter en conjurant les lieux auxquels ils sont liés, préservés qu'ils
sont dans la mémoire numérique gardienne du texte (c'est-à-dire en cliquant
sur les bons liens): car la topologie de l'hypertexte est aussi un "topos"
au sens médiéval du terme - un mode de mémorisation des mots et des idées
grâce à leur jumelage avec les étapes d'un parcours, dont on peut se
rappeler par la suite en refaisant imaginairement le parcours en question.
RÉEL/VIRTUEL
On assiste donc à un double mouvement du virtuel au réel et du réel au
virtuel:
l'ordinateur étant lui-même une simulation, une projection, un dédoublement
du cerveau humain, ce qu'on voit se produire dans la littérature
électronique, dans le type d'écriture et de lecture qu'elle se voit permise
grâce aux moyens que lui offre l'ordinateur, c'est en somme l'actualisation,
la réalisation, la projection, dans une machine et sur un écran réels,
tangibles, de la manière dont l'esprit humain fonctionne devant un texte
(retours en arrière, bonds en avant, etc).
Mais parallèlement se produit le mouvement inverse puisque chaque projet
d'écriture et surtout chaque parcours de lecture ne peut prévoir, ne peut
suivre, ne peut prétendre réaliser, actualiser, toutes les virtualités du
texte qui se voient ouvertes par le médium électronique et qui en théorie,
de par la nature de ce médium, pourraient en venir à couvrir de liens en
liens le web entier à chaque lecture. Plusieurs demeurent donc dans le
virtuel.
L'AUTEUR DE L'HYPERTEXTE
Ce sont ces caractéristiques du médium électronique qui contribuent
véritablement à réaliser la remise en question du travail d'écriture et de
lecture, ainsi que des rôles de l'auteur et du lecteur, dont parle la
théorie du texte post-moderne: en effet, devant les pouvoirs de
l'ordinateur, l'auteur doit abdiquer son pouvoir absolu sur le texte; ce
dernier lui échappe quoi qu'il en ait.
Aussi les auteurs de littérature électronique choisissent plutôt d'accentuer
cet aspect en jouant avec les possibilités interactives du web, en
systématisant cette interactivité par exemple en faisant de la lecture texte
un jeu/parcours à choix multiples - chaque lecture devenant par conséquent à
son tour écriture, car seule la poursuite de tel ou tel parcours, en somme,
permet "d'écrire" le texte, en l'actualisant, en le réalisant; par ailleurs,
tous les parcours ne pouvant être suivi en même temps, à chaque fois
certains "textes" demeurent non "écrits" et retombent dans le virtuel.
La notion d'identité et celle "d'authorship" centrale à toute notre
évaluation de l'art depuis la Renaissance est ainsi remise en question non
seulement à cause du rôle décisionnaire dévolu au lecteur, mais par le fait
de l'"auteur" lui-même qui joue souvent à endosser différentes identités.
Une des caractéristiques de l'hypertexte est de permettre au lecteur de
garder la trace de son parcours de lecture, et d'ainsi contribuer à écrire
"son" texte, à inscrire sa marque dans l'hypertexte: soit en imprimant les
passages lus; en affichant et en imprimant la liste de ces passages,
composant ainsi une carte de la lecture; soit en gardant la possibilité de
retourner sur ses pas, afin de prendre une autre route.
UN LABYRINTHE
L'hypertexte de fiction prend souvent la forme d'un labyrinthe, où le
lecteur s'enfonce et se perd de choix en choix, de lien en lien, ne lisant
qu'une portion du texte. Souvent même, ses choix sont fonction de ses choix
précédents: grâce à l'usage d'un filtre, le logiciel déroulant l'hypertexte
sélectionne les chemins offerts au lecteur suivant le chemin parcouru. Le
texte ainsi prend la forme d'un labyrinthe se reconfigurant à mesure, et où
le lecteur, s'égarant encore davantage, doit abdiquer toute prétention de
maîtriser le texte.
Non que le lecteur doive se sentir obligatoirement retenu prisonnier du
texte: il n'est pas tenu de le parcourir en entier, à la recherche d'un
début et d'une fin de toute manière introuvables. La lecture n'a pas à être
exhaustive: à tout moment, le lecteur peut choisir de quitter le texte, pour
peut-être y retourner une autre fois - l'auteur lui-même l'y invite. Ainsi,
Michael Joyce (auteur de l'hypertexte fondateur, Afternoon, a story)
prévient son lecteur dans ces termes:
"Dans toute fiction la clotûre est suspecte, mais ici c'est encore plus
manifeste. Quand l'histoire ne progresse plus, ou quand elle tourne en rond,
ou quand vous êtes fatigués de suivre les chemins, l'expérience de la
lecture est terminée." (cité par Jean Clément, Fiction interactive et
modernité)
Sans début ni fin assignées d'avance, la lecture se fait plutôt promenade,
ou visite: on lit un hypertexte comme on parcourt une ville inconnue, ou un
musée - nul besoin d'avoir parcouru toutes ses rues, ou vu toutes ses
oeuvres, pour pouvoir affirmer avoir visiter Paris, ou le Louvres; comme il
n'est pas nécessaire d'avoir suivi tous ses liens pour avoir "fait (une)
lecture" d'un hypertexte de fiction.
DISPOSITIFS
Il ne faut pas oublier que, de par la spécificité de son support, à savoir
l'outil informatique, l'accès à l'hypertexte dépend d'un certain dispositif:
comme pour un livre qui demande pour être lu qu'on soulève la couverture et
qu'on tourne les pages, la lecture d'un hypertexte présuppose le respect de
certaines règles de fonctionnement.
Ainsi c'est la nature de son dispositif qui a permis à l'hypertexte de se
développer en tant que genre littéraire autonome.
Le premier logiciel de conception hypertexte, Hypercard, est lancé en 1987.
Plusieurs suivront, dont un des plus connus et des plus utilisés,
Storyspace, créé par Jay David Bolter, John Smith et Michael Joyce, l'auteur
d'Afternoon, a Story, un hypertexte fondateur du genre (1987). On peut
ainsi suivre une évolution, allant des systèmes autonomes ("stand-alone")
comme Hypercard, aux systèmes en réseaux ("networked"); des textes
"read-only", seulement destiné à être lus, aux textes proprement
interactifs, invitant l'intervention du lecteur, et lui permettant d'ajouter
ses propres liens et son propre texte. (Pour en savoir davantage sur
l'évolution du médium, consulter (entre autres!) George P. Landow, "What's a
Critic to Do?", in Hyper/Text/Theory, John Hopkins University Press,
Baltimore & London, 1994; le site d'Eastgate Systems, les créateurs de
Storyspace.)
Les règles de fonctionnement peuvent donc varier, premièrement selon les
logiciels employés, leur degré de sophistication, et deuxièmement aussi
selon les instructions spécifiées par l'auteur au moment de la création et
de l'organisation de son hypertexte (portant par exemple sur le nombre et le
type de choix à effectuer, sur le rôle assigné au lecteur, qui peut parfois
avoir à endosser celui d'un personnage de l'histoire racontée, sur le types
des liens offerts, indiqués, cachés, ou conditionnels aux choix précédents,
etc).
Ces instructions peuvent être ou non explicites; et parfois leur découverte,
au moyen d'essais et d'erreurs, en vient à faire partie du processus de
lecture lui-même. C'est ainsi que, dans la lecture d'un hypertexte, le
rapport nécessaire, sinon forcé, avec la machine, ne peut jamais se faire
oublier. Contrairement à la lecture d'un livre, où il est facile de se
perdre dans l'histoire racontée au point d'en oublier le support physique
(des feuilles de papier collées ensemble, de l'encre, etc), le lecteur d'un
hypertexte est sans cesse ramené à la présence physique du support
informatique - oscillant ainsi entre maîtrise et perte de maîtrise du
médium, et entre intimité et distance par rapport au texte. L'écran impose
une vision locale, et forcément partielle, du texte: de fait, c'est bien lui
qui commande la forme fragmentaire de l'hypertexte, et sa topologie
labyrinthique, son absence de repère, où le lecteur cherchant à s'orienter
se perd.
Ce qu'on peut interpréter comme une métaphore sur la place de l'être humain
dans le monde moderne: ainsi l'hypertexte comme genre littéraire se révèle,
au-delà de ses aspects ludiques, porteur et révélateur d'un questionnement
existentiel fondamental.
"I link therefore I am" ("Je clique - sur des hyperliens - donc je suis"),
comme le dit Mark America à l'entrée de l'hypertexte critique intitulé
"Hypertextual Consciousness", parodiant Descartes et soulignant ainsi
combien la "pensée" du sujet post-moderne hypertextuel et son identité même
sont, justement, "sujets" à se perdre dans la "toile qui couvre le monde"
(WWW) comme un autre monde.
LES OEUVRES: DU TEXTE À L'HYPERTEXTE
(1-b) Les textes remettant en question l'identité, la place et l'épaisseur
psychologique dévolues aux personnages, comme dans Paludes (1895), une
"sotie" d'André Gide, mettant en scène un auteur cherchant à écrire un texte
qu'il intitulera Paludes, et qui se définit lui-même en disant seulement,
au début: "J'écris Paludes". Les multiples personnages secondaires ne sont
que des prénoms. Les personnages principaux, le narrateur, son "grand ami"
Hubert et son amie Angèle ne nous sont pas non plus expliqués
psychologiquement ou physiquement. Ce procédé a pour but - et pour effet -
de mettre à jour, pour la dénoncer (avec beaucoup d'humour), la
superficialité d'une vie en société où les rapports humains sont réduits à
des usages et des habitudes vidées de leur sens - et du même coup, la
narration traditionnelle qui contribue à renforcer cette illusion.
Autre exemple de ce procédé, mais utilisé pour un examen sérieux de la
société capitaliste américaine moderne au début de son envahissement: le
roman de l'auteur américain John Dos Passos, Manhattan Transfer (1925), un
tableau extraordinairement complet de la société new-yorkaise de 1890 à 1925
environ. Dépeignant des personnages issus de toutes les couches sociales
pris dans les événements sociaux, immigration, guerre, années folles,
prohibition, prémices de la crise, Dos Passos crée pour ce roman nouveau
genre une forme nouvelle: il procède par flashes, fixant un instant son
attention sur un personnage, puis passant à un autre, pour revenir ensuite
au premier, ou l'oublier parfois totalement. C'est une observation
impartiale, non-psychologique, de l'être humain jeté dans le monde et
défait.
(1-c) Les textes remettant en question la temporalité de la narration, comme
dans La Nuit face au ciel (1959), une nouvelle de l'écrivain argentin
Julio Cortazar du recueil Les Armes secrètes. Dans cette nouvelle, une
histoire est censée se passer aujourd'hui, une autre à l'époque des
Aztèques, peut-être dans un rêve du personnage de la première histoire. Puis
les deux histoires s'interpénètrent de plus en plus, jusqu'à ce que le
"rêve" devienne la "réalité", et la "réalité", le "rêve". En même temps la
logique bascule: comment un homme du passé peut-il rêver au futur (en le
voyant tel qu'il est effectivement dans le présent)? À travers la remise en
question de la temporalité, c'est bien sûr la narration elle-même, dans la
confiance trop aveugle que le lecteur a dans le narrateur de lui faire
croire n'importe quoi, qui est remise en question.
(1-d) Les textes remettant en question la valeur, la véracité et la
cohérence de l'histoire narrée, comme Dans le labyrinthe (1959), un roman
d'Alain Robbe-Grillet où un soldat erre - le titre le dit - dans les rues
toujours semblables et quasi désertes d'une ville, passant et repassant par
des endroits qui semblent les mêmes et ne le sont peut-être pas, rencontrant
des personnages semblables qui se dérobent puis réapparaissent... À la
recherche de nouvelles formes pour traiter des nouvelles relations entre
l'homme et le monde, la structure des romans de Robbe-Grillet est non plus
linéaire mais circulaire, organisée autour d'éléments thématiques qui se
répètent et se recoupent, souvent tels quels, parfois légèrement modifiés,
montrant que la vie d'un sujet n'est pas une suite d'événements isolables,
mais une somme toujours en attente de sa propre complétude. Le style froid,
objectif, souligne cette aliénation fondamentale du sujet dans le monde, et
par rapport à soi-même. (voir également les oeuvres des autres écrivains du
Nouveau Roman: Marguerite Duras, Nathalie Sarraute).
(1-e) Les textes auto-référentiels, c'est-à-dire dont la narration exhibe,
en la mettant abîme, le processus de l'écriture du texte lui-même, À la
recherche du temps perdu (1913-1927), une somme romanesque de Marcel
Proust, où, en plus de proposer un portrait de la société parisienne de
l'époque, le narrateur traite de son impuissance à écrire, jusqu'au dernier
chapitre où il aura enfin la révélation du rapport entre remémoration et
écriture qui lui permettra de se mettre au travail et de commencer à
écrire...le roman que nous venons de lire.
(2) Les textes expérimentant sur les procédés d'écriture en t ant que tels;
et parmi eux, cinq sous-catégories:
(2-a) Les textes usant de procédés d'écriture automatique, ouverts à
l'inconscient et libérant l'auteur (l'écriture automatique des poèmes dadas
et surréalistes dans les années 10-20, écrits "sous la dictée de
l'inconscient", sans auto-censure; la technique du "cutup" de William
Burroughs, "découverte" en 1959, où l'auteur réassemble de manière aléatoire
des fragments de textes variés préalablement coupés; et exemple québécois,
les oeuvres poétiques de Paul-Marie Lapointe, comme Le Réel absolu et
surtout Écritures, utilisant également l'écriture automatique);
(2-b) Au contraire de (2-a), les textes créés à partir de contraintes
spécifiques plus ou moins restreignantes, comme le roman La Disparition,
de Georges Perec, écrit sans utiliser la lettre "e" (la "disparition" du
livre, dont souvent le lecteur non averti ne se rend pas compte...); voir
aussi les oeuvres de ses collègues (comme Raymond Queneau) de l'Ouvroir de
Littérature Potentielle (OULIPO);
(2-c)Les textes référant systématiquement à d'autres textes et/ou usant de
citations plus ou moins complètement pour leur génération, comme Ulysse
(1922), roman de l'écrivain irlandais James Joyce basé sur l'Odyssée
d'Homère "transposée" dans le Dublin des années 20; les oeuvres de Kathy
Acker, une écrivaine américaine post-moderne contemporaine, qui s'est
"réappropriée" d'un point de vue féministe et terroriste critique des textes
classiques);
(2-d) Les textes jouant avec la mise en page, avec l'aspect visuel de la
disposition des mots sur la page, comme Un coup de dés jamais n'abolira le
hasard, texte de Stéphane Mallarmé déjà commenté ci-dessus; et
Calligrammes (1918), un recueil de poésie de Guillaume Apollinaire, où les
mots des poèmes sont disposés de manière à présenter une illustration de
leur sujet: par exemple La cravate et la montre);
(2-e) Les textes interactifs (requérant soit la participation d'un ou de
plusieurs auteurs, soit celle du lecteur, ou soit, même, celle d'une
machine), comme les "cadavres exquis" des Surréalistes, où un auteur écrit
un fragment de texte sur une feuille, pliant ensuite celle-ci pour cacher le
texte écrit et passant la feuille à un autre qui écrit à son tour quelque
chose, et ainsi de suite, le résultat se révélant évidemment un texte au
propos et à la logique tout à fait aléatoires).
Bien sûr, fort souvent les textes en question usent de plusieurs de ces
procédés à la fois pour remettre en question le texte classique.
En conclusion, voici une courte liste d'"incontournables", des hypertextes
déjà devenus des classiques et dans lesquels ces mêmes procédés se
retrouvent. Nous avons choisi de mentionner ici seulement des hypertextes de
fiction narrative, écrits (respectivement) par un seul auteur (voir
"Perspective", une autre section dans ce magazine, pour des hypertextes
d'autres types). Pour ce qui est des hypertextes qui suivent, il est à noter
que plusieurs ont été publiés par Eastgate Systems, et sont disponibles sur
support autonome (principalement des diskettes en Storyspace). Storyspace
est un logiciel de création littéraire qui permet de créer des hypertextes
qu'il est ensuite possible de publier ou de redistribuer gratuitement. Ces
textes peuvent être préservés comme des programmes autonomes ("stand-alone")
ou exportés sur le Web.
- Michael Joyce, Afternoon, a story, (Eastgate Systems, 1987, Storyspace):
Ce texte est considéré comme "le" classique de l'hypertexte de fiction. Créé
en 1987, c'est l'histoire d'un homme qui, témoin d'un accident de voiture,
se demande après-coup si cette voiture n'était pas celle de son ex-femme,
peut-être accompagnée de leur fils. Composé de plus de 500 fragments, écrits
par Michael Joyce, cette oeuvre est néanmoins interactive, l'ordre de
succession de ces fragments dépendant des choix du lecteur.
(Autre texte: Twilight: A Symphony (Eastgate Systems, 1996, Storyspace)
- Stuart Moultrop, Victory Garden (Eastgate Systems, 1992, Storyspace):
L'énormité de cet hypertexte, composé de 993 pages-écrans et de 2804 liens,
d/courage volontairement à l'avance toute tentative de lecture exhaustive.
C'est un jardin labyrinthique sans perspective unique, sans aboutissement,
fait pour être visité comme on parcourt une exposition ou une ville
étrangère. Dans cet hypertexte, Moulthrop relient entre eux des fragments
réels et imaginaires, donnant l'occasion au lecteur - au cours de sa
promenade - d'explorer les répercussions entre un triangle amoureux et les
événements d'une guerre (celle du Golfe en 1991).
(Autre texte: Hegirascope)
- Judy Malloy, 10ve 0ne (la première sélection du "Eastgate Web Workshop,"
travail en cours, commencé en 1995):
Judy Malloy se plaît à prendre des fragments d'informations, images et mots,
fictionnels ou non, comme unités moléculaires afin de former une trame
narrative. Pour la plupart, les histoires (de cet hypertexte comme des
autres oeuvres de Malloy) en sont narrées par des personnages féminins
issues de toutes les couches de la société. L'auteur cherche à introduire le
lecteur dans l'esprit de ces femmes.
(Autres textes: Uncle Roger, 1986; Its Name Was Penelope. (Storyspace
diskette(s))
- Douglas Cooper, Delirium (oeuvre en cours, 1994-, Time Warner):
Cet hypertexte raconte l'histoire sinistre mais drôle d'une vedette qui rêve
d'assassiner son biographe. Avec une carte, un bulletin de discussion pour
les lecteurs, et un design en noir et blanc réminescent des films du temps
du muet.
- Carolyn Guyer, Quibbling (Eastgate Systems, Storyspace):
Quibbling est une histoire d'amour hautement personnelle, érotique et
traditionelle à la fois, mettant en scène un "Soi (Self)" féminin à
l'identité fluctuante, confrontée aux "Autres (Others)" auxquels elle
s'intéresse. À travers des motifs de maternité, de distance et d'intimité,
d'art et d'écriture, de prêtres et de religieuses, lunaires et sexuels,
géographiques et labyrinthiques, Quibbling recrée l'expérience de
l'écriture, c'est-à-dire de la mise en forme d'une histoire à partir des
fragments d'une expérience, en la mettant en parallèle avec la manière dont
nous nous créons nous-mêmes à partir des moments composant notre vie. Guyer
est louée pour son écriture fluide et sensuelle.
- Mary-Kim Arnold, Lust (Eastgate Systems, 1994, Storyspace):
"Un petit bijou", a souligné le New York Times Book Review. La fiction
s'ouvre sur un poème, ou chacun des mots peut déclencher une entrée
différente dans l'histoire. Entre la poésie et la prose, Lust entraîne le
lecteur dans des scènes artistement recombinées de terreur et de séduction.
Cet hypertexte expérimente avec un nombre limité de 38 fragments et de 141
liens. Les séquences et leurs significations varient selon les choix
initiaux du lecteur. Cette oeuvre utilise les caractéristiques et les
limites du genre à leur meilleur, et constitue l'un des hypertextes les plus
influents déjà écrits.
- J. Yellowlees Douglas. I Have Said Nothing. (Eastgate Systems,
Storyspace diskette(s)):
Cet hypertexte, qui s'ouvre et se ferme sur deux accidents de voiture, est
une méditation sur l'ampleur de ce qui nous sépare les uns des autres.
Douglas explore l'interaction entre la fragmentation inévitable de
l'hypertexte et la causalité nécessaire à la création d'une histoire. Le
résultat est un examen dur, sans concession, de la manière dont nous nous
fragmentons nous-mêmes dans le désir d'éviter la souffrance, et
l'inévitable, à savoir la mort.
Les hypertextes "classiques" présentés ici sont en anglais. Mais de plus en
plus d'expériences se font en français: voir entre autres ci-dessous le site
de "La Toile du CICV".
Sites consultés:
Eastgate, États-Unis
C'est le site où trouver de l'information sur les hypertextes que cette
maison d'édition électronique publie, comprenant, comme nous venons de le
voir ci-dessus, la plupart des oeuves et des auteurs considérés comme les
premiers du genre. Biographies des auteurs, extraits des textes et des
critiques, etc.
Chronologie Hypertexte du CICV
Liens du CICV
Hypermedia Paris 8
Cette université parisienne possède un département consacré à l'étude des
nouveaux médias. Intéressant (entre autres) pour les travaux de Jean
Clément, qui ont été souvent cités ici.
Laboratoire hypertexte Paris
Hyperizons
Site maintenu par Michael Schumate, théoricien et auteur. Très intéressant:
bibliographies des oeuvres hypertextuelles, textes critiques sur (entre
autres) le passage du texte à l'hypertexte, et plusieurs liens vers d'autres
sites d'intérêt.
Electronic Labyrinth
Oulipo
Alamo
Dossier Literatura interactiva
George P. Landow
Alt-X
Site maintenu par Mark America, auteur de Grammatron: Alt-X Online
Publishing Network est une maison d'édition électronique américaine,
publiant des hypertextes de fiction sur le Web. "Grammatron" est accessible
sur le site; outre cette oeuvre, le site comprend un hypertexte critique
d'accompagnement fort intéressant, "Hypertextual Conciousness (HTC)",
portant sur les rapports entre la théorie du texte post-moderne et
l'hypertextualité, et introduisant un nouveau terme pour désigner la période
post-post-moderne prenant en compte la révolution amenée par le Web:
"Avant-Pop".
- Jean-Pierre Balpe. Trois mythologies et un poète aveugle (novembre
1997):
Jean-Pierre Balpe est un auteur d'hypertextes français, qui
s'intéresse aux
possibilités de la génération de textes littéraires par ordinateur. En
programmant la machine de manière à lui permettre de combiner des
propositions linguistiques et narratives dans un domaine qu'il a
défini à
l'avance en obéissant à une grammaire sémantique, l'auteur obtient de
la
machine une suite potentiellement illimitée de textes. "L'aspect non
stéréotypée des récits [comme des poèmes] engendrés par ce type de
grammaire
dépend de la variété des descriptions abstraites, de la souplesse de
leurs
possibilités de combinaison, de la richesse des classes de choix, de
celles
des dictionnaires définis dans le programme. La puissance du
générateur est
proportionnelle à la richesse des informations décrites, donc à celle
du
monde défini par l'auteur et des choix possibles." (Jean-Pierre Balpe)
L'événement intitulé Trois mythologies et un poète aveugle a eu lieu
en
novembre 1997 au centre Georges-Pompidou, présentait le dialogue
interactif
en temps réel entre un automate de génération de poèmes, programmé par
Jean-Pierre Balpe pour générer quatre types de poèmes de style
différent
(les "trois mythologies" et ceux du poète aveugle") et un automate de
génération musicale (réalisation: Jacopo Baboni-Schillingi). Les
poèmes
étaient lus à mesure de leur génération par trois poètes-lecteurs; des
musiciens travaillaient également à partir des propositions de
l'automate
musical. Pour Jean-Pierre Balpe, ce genre de travail ne vise pas à
éliminer
l'auteur, mais au contraire à lui offrir de nouveaux moyens
d'expression,
qui lui permettent de combiner d'une certaine manière les expériences
des
écrivains de l'Oulipo (écriture avec contraintes) avec celles des
poètes
surréalistes (écriture automatique).
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