Il est utile pour la compréhension de la nature artistique du médium des
Mondes virtuels interactifs de comprendre d'abord les moyens techniques clés
sur lesquels il repose et comment ceux-ci ont atteint un stade de
développement capable de supporter un nouveau médium et le nouveau langage
d'expression de ce médium.
La base fondamentale du médium est une infrastructure de rendu (rendering), où celle-ci est utilisée pour signifier la "réalisation" de la
description déclarative d'une "partition (score)" consistant en une
composition d'objets et de niveaux issus de types de médias variés tels que
la géométrie, les images, les vecteurs graphique et vidéo, le son, la
musique et la parole, et possiblement d'autres également. De plus, on doit avoir la capacité d'y faire naviguer le point de vue d'une caméra dans le Monde (world),
le "Monde" étant la somme de toutes les expériences possibles sur la scène
virtuelle spécifiée par la partition et composée d'éclairage, d'animation et
de son. La condition technique la plus importante pour ce médium est qu'une capacité suffisante dans le rendu soit présente,
relativement à la complexité spécifiée du Monde, pour permettre une
proportion d'actualisation de ses états capable de donner une illusion
convaincante pour le 3D, un mouvement continu et une réponse instantanée. Le
développement rapide de machines toujours meilleures, particulièrement pour
le rendu de polygones et de "pixels", signifie que
des Mondes de plus en plus complexes peuvent être imaginés qui conservent une capacité de rendu suffisante et adéquate.
L'autre composante technique fondamentale du médium est une infrastructure
de programmation dans laquelle il est possible d'exprimer des intentions
délibérées, des réactions, des événements et des comportements, et des
changements de points de vue et de contextes. Étant donné la sophistication
des langages informatiques et la puissance grandissante des ordinateurs,
cette composante permet de composer et d'utiliser l'interactivité et le
comportement ainsi qu'un contrôle intelligent à n'importe quel degré
nécessaire, par exemple, afin de créer des simulations d'êtres vivants, de
personnages "crédibles" et de récits. Cet aspect du médium le différencie du
cinéma comme de la simple animation par ordinateur.
Finalement, le lieu tout désigné pour ce médium est, naturellement, le Web basé sur des réseaux haute-vitesse à largeur de bande accrue (high bandwith). La vitesse et la capacité de ces réseaux se révèlent vitales de deux
manières. Premièrement, le réseau peut être utilisé comme un moyen d'accéder
à un répertoire essentiellement illimité d'avantages médiatiques, de
matériaux et de données pour la production, qui donnent aux Mondes la capacité d'apparaître eux-mêmes comme illimités dans l'espace comme dans le temps,
puisqu'ils peuvent être ainsi étendus de manière dynamique autant qu'il est
nécessaire. Les matériaux non traités servant au rendu peuvent être déplacés à l'intérieur et au dehors des différentes
caches des réseaux en question de manière à être utilisables au besoin. Si
la vitesse et la largeur de bande sont grandes, il est facile de fournir un
sous-ensemble toujours changeant de scènes et d'événements médias à
partir d'un grand ensemble qui contient tous les éléments du Monde ainsi que
son histoire. Deuxièmement, les réseaux donnent le moyen de supporter des
Mondes "partagés" par plusieurs usagers. La haute vitesse et une largeur de bande accrue contribuent à rendre le délai dans la transmission du
message minimal, ce qui est nécessaire afin de permettre au sentiment de
présence partagée de demeurer "crédible instantanément".
Ainsi le développement de rendus graphiques et d'ordinateurs
rapides, tout comme l'émergence de réseaux à haute vitesse, ont fourni les
moyens techniques pour supporter un nouveau médium et permettre la création
de la première génération d'oeuvres utilisant le nouveau langage unique du
médium.