Depuis le 19 octobre dernier, il existe un tout nouveau Musée Guggenheim à Bilbao, en Espagne. Il s’agit d’un grand projet initié en 1991 et réalisé grâce à une volonté double, celle du gouvernement basque de revitaliser la ville de Bilbao et celle de la Fondation Guggenheim d’accroître ses activités en Europe. Sa construction a nécessité des investissements de 100 millions de dollars américains. Les administrations basques sont impliquées dans le financement et la gestion du musée tandis que la Fondation Guggenheim est responsable de la collection, des programmes d’exposition et des acquisitions. L’ampleur de ce projet ainsi que la qualité architecturale du musée ont déjà suscité beaucoup d’intérêt. En effet, le Musée Guggenheim à Bilbao constitue certainement une des grandes réalisations dans le domaine muséal des dernières années.

Pendant longtemps, les activités de la Fondation Guggenheim étaient divisées entre le Solomon R. Guggenheim Museum dans l’édifice de la cinquième avenue à New York en face du Central Park et la collection de Peggy Guggenheim dans le palais Veneir dei Leoni situé sur le Grand Canal à Venise. Or, depuis les dix dernières années, la conception du Guggenheim a beaucoup changé. Cette nouvelle vision coïncide avec l’arrivée de Thomas Krens à la direction de la Fondation en 1988 qui a insufflé un dynamisme peu commun à ce musée international. En effet, les transformations ne se comptent plus. D’abord, en 1992, le Solomon R. Guggenheim Museum a réouvert ses portes après d’importantes rénovations et multiplié ses activités avec une nouvelle succursale dans SoHo. Puis, en 1995, des améliorations sont apportées aux salles et aux jardins du musée de Venise. Enfin ce mois-ci, à peine quelques semaines après l’ouverture du musée à Bilbao, la Fondation Guggenheim ouvre un nouvel espace d’exposition à Berlin, le Deutsche Guggenheim Berlin, grâce à la collaboration et le support financier de la Deutsche Bank.

Déjà entre l’Amérique et l’Europe, la Fondation Guggenheim a su renforcer ses activités dans ses musées fondateurs et a développé de nouveaux liens entre les deux continents par la création récente d’institutions. Chaque fois, ces changements se sont exprimés par des projets architecturaux d’envergure qui deviennent de véritables symboles. À ce titre, le nouveau musée Guggenheim à Bilbao est exemplaire et s’inscrit dans la lignée du musée de New York conçu par Frank Lloyd Wright. À la suite d’un concours international, c’est la proposition de l’architecte et designer de grande réputation Frank Gehry qui a été retenu pour Bilbao.

Comme dans le cas du Solomon R. Guggenheim de New York, l’architecture du musée de Bilbao a été qualifiée d’œuvre d’art elle-même plus d’une fois. Plusieurs commentaires soulignent d’ailleurs la parenté entre les deux édifices: leurs formes organiques, leur audace, leur singularité. Un article rédigé par Herbert Muschamp, critique d’architecture pour le New York Times est diffusé sur l’Internet et s’attarde longuement sur les nombreuses qualités de cette réalisation architecturale. Par sa silhouette et ses matériaux, le Musée Guggenheim à Bilbao évoque l’environnement industriel dans lequel il a été implanté tout en se démarquant par sa structure unique. Il représente une des initiatives les plus importantes du développement de Bilbao qui verra également, au cours des prochaines années, les constructions d’un nouveau métro, d’un aéroport et d’édifices à vocations multiples dans le secteur du musée.

Le musée Guggenheim à Bilbao comprend une collection permanente qui offre un survol chronologique de l’art moderne et contemporain. Quelques espaces sont réservés à des oeuvres spécifiquement conçues pour le musée par des artistes tels que Richard Serra (ci-contre), Jenny Holzer, Francesco Clemente et Anselm Kiefer. De plus, l’art contemporain basque et espagnol est tout particulièrement représenté dans la collection. Il est possible d’effectuer une visite du musée Guggenheim Bilbao sur Internet. Sur le site qui offre cette visite, un dossier impressionnant sur le musée contient également une abondante revue de presse en espagnol. On y retrouve des opinions partagées, le plus souvent très positives mais également quelques textes plus critiques qui dénoncent un certain impérialisme américain.

Sylvie Parent