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L’ART ET LES NOUVELLES TECHNOLOGIES À MONTRÉAL. À L'OCCASION DE L'OUVERTURE DE TECHNOBORO ![]()
Les nouvelles technologies évoluent constamment et les artistes les incorporent dans leur pratique. En effet, nous voyons de plus en plus d’oeuvres réalisées à l’aide de ces nouvelles technologies et nous sommes amenés à nous demander où et comment elles ont été créées. Même si plusieurs opérations peuvent être effectuées sur un ordinateur personnel, d’autres restent impossibles et cela produit un écart entre les laboratoires universitaires et l’industrie. Pour cette raison, de nouvelles structures deviennent nécessaires afin de soutenir ce niveau de production artistique innovatrice et voir à sa diffusion. C’est ainsi que les organismes culturels intègrent graduellement l’art des nouvelles technologies dans leurs activités.
Technoboro ne dispose que de fonds limités pour le moment mais les plans et les efforts liés à l’expansion du laboratoire sont au premier rang. De six à huit projets sont acceptés par an. Un des aspects uniques du laboratoire est qu’il est ouvert au public à des tarifs avantageux. En plus d’un programme de résidences d’artistes, Technoboro offre des activités qui se concentrent sur les nouveaux médias telles que des conférences, ateliers, groupes de discussions se produisant aussi bien dans l’espace physique que dans l’espace virtuel. Les artistes dont la production est fondée sur les nouvelles technologies sont invités à présenter leur travail et à révéler les mystères de leur processus créateur. Technoboro fera bientôt partie du site Web d’Oboro qui annoncera régulièrement les activités du centre et surtout les projets réalisés au laboratoire. De plus, dans la section de Technoboro sur le site, une présentation des projets dans leur version Web aura lieu à l’occasion.
Mais qui y a-t-il d’autres mis à part le nouveau laboratoire Technoboro? En se spécialisant dans la production vidéo, Vidéographe et Prim, sont également équipés pour la production multimédia. À l’heure actuelle, Prim offre
un cours gratuit dans la production des CD-Rom.
Des signes de changement se font sentir à La Cité des arts et des nouvelles technologies de Montréal, fondée en 1985 par Ginette Major et Hervé Fischer. Se concentrant sur l’art et les nouvelles technologies, Images du Futur, un événement international se tenant tous les étés depuis 1986, est maintenant remplacé par Cybermonde. En présentant des artistes qui travaillent avec les nouvelles technologies qui proviennent de partout dans le monde, l’événement reste le même dans son concept. Le changement du titre de l’événement coïncide avec les transformations rapides qui ont cours dans l’industrie. Comme le nouveau titre le suggère, nous vivons maintenant dans un monde qui était encore l’an dernier celui du futur. En 1995, La Cité des arts et des nouvelles technologies de Montréal a ouvert Le Café ElectroniqueTM, le premier du genre, qui avec ses 40 ordinateurs permet aux visiteurs d’explorer l’Internet ainsi qu’une vaste collection de CD-Roms. Les activités de La Cité des art et des nouvelles technologies de Montréal s’orientent vers le grand public et par dessus tout vers les enfants à qui des ateliers et des tours guidés sont offerts afin de les familiariser avec le potentiel des nouvelles technologies. Cybermonde offre une formation aux élèves des niveaux primaires et secondaires ainsi qu’à leurs professeurs. Le milieu des arts et des nouvelles technologies s’élargit avec l’ouverture prochaine d’un méga-complexe dédié au cinéma et aux nouveaux médias. La 3 e Manifestation Internationale Vidéo et Art Électronique, Champ Libre, qui s’est tenue l’automne dernier aux Foufounes Electriques a ouvert une section multimédia pour la première fois, Salon média, qui contenait un programme de CD-Rom, de même qu’un programme Internet présentant des sites Web au contenu artistique. Selon François Cormier, le coordonnateur de l’événement, le Salon était au départ une expérience, mais il a été bien accueilli et s’est intégré naturellement au programme général. François Cormier a la certitude que le Salon fera dorénavant partie de la prochaine Manifestation. De plus, le Festival International de Cinéma et de la Vidéo de Montréal a été rebaptisé Le Festival International du Cinéma et des Nouveaux Médias. L’édition 1996 de l’événement incluait un espace distinct dédié aux nouveaux médias sur le boulevard Saint-Laurent (près du Cinéma Parallèle), le Media Lounge. Aucun signe de manque d’intérêt ne pouvait être distingué, bien au contraire, l’endroit était rempli de visiteurs curieux, surtout des jeunes. Les projets Web présentés lors de l’édition 1997 du Festival sont toujours accessibles sur le site. Il semble bien que les organisations culturelles accordent une place de plus en plus importante aux nouveaux médias. Non seulement s’adaptent-elles à cette nouvelle réalité, mais elles l’accueillent, en y participant activement et en la construisant. Le milieu de l’art et des nouvelles technologies à Montréal offre un ensemble varié de possibilités aux artistes et au public et leur permet d’accéder aux nouveaux moyens d’expression et de communication. Ce milieu montre une base solide pour une évolution future. Dans ce contexte, l’ouverture de Technoboro ne constitue pas un événement isolé et des développements dans cette direction font partie d’un réel courant qui se dégage par une diversité d’initiatives qui se complètent les unes les autres. Les nouvelles technologies n’appartiennent pas à un groupe fermé d’enthousiastes, ne représentent ni un dieu ni un démon, elles sont devenues accessibles à tous et ont fourni des outils aux artistes qui peuvent enrichir le langage de l’art. Bien que les technologies en soi ne garantissent pas des miracles, de plus en plus d’artistes commencent à maîtriser leur utilisation. Lorsqu’elles sont exploitées comme des instruments, qu’elles deviennent ainsi invisibles, les artistes peuvent élargir leurs possibilités d’expression et les doter de valeurs humaines.
Rossitza Daskalova
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