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De la bande passante à la bande son


C O D E O R G A N
est une application Flash toute récente, une curiosité qui a fait des remous sur le Web dès sa parution le 19 février 2010. Foncièrement ludique, le Codeorgan peut être « nourri » de n’importe quelle adresse Web valide; après analyse et selon un algorithme des concepteurs, il traduit le site en musique et permet à l’internaute de « l’écouter ». Les guillemets sont importants ici puisque l’algorithme en question est, sinon aléatoire, à tout le moins arbitraire. Tel qu’expliqué, le Codeorgan analyse la section « Body » du code-source de la page Web fournie, et applique les règles suivantes :

  1. Compte le nombre d’occurrences des caractères A à G (correspondant à la notation musicale anglo-saxonne). La lettre qui revient le plus souvent détermine la gamme qui sera utilisée (toujours la pentatonique); la gamme est majeure si la somme des apparitions de la lettre est un nombre pair, et mineure si c’est impair.
  2. L’instrument employé (parmi un bassin de 10 possibles) est déterminé par le nombre total de caractères présents.
  3. Une boucle de percussions est choisie parmi un total de 10 en fonction de la proportion de caractères qui font partie du groupe de notation musicale A-G.

Codeorgan demeure certes un premier pas. Certains détails techniques resteraient à corriger, comme l’enchaînement des boucles de percussions qui n’est pas encore fluide. Les choix de conception ont été effectués dans l’optique d’avoir une application simple qui puisse s’appliquer dans un très large éventail de cas, notamment via l’usage exclusif des gammes pentatoniques qui limitent les possibilités de dissonance. On peut raisonnablement supposer que les futurs rejetons de cette curiosité réviseront les algorithmes pour tisser un lien plus étroit avec les contenus proposés par les sites transformés en musique  : on pourrait par exemple analyser les codes-couleur pour définir des gammes mineures pour les sites utilisant des couleurs foncées. Peut-être pourra t-on, au moyen d’un module d’extension, intégrer le Codeorgan (ou son successeur) à un navigateur Web et entendre la musique des sites que l’on visite continuellement, sans avoir à saisir l’adresse chaque fois.

Bien que s’inscrivant dans l’idée générale de la musique informatique, le Codeorgan apporte une dimension sociale et collective à ce qui était traditionnellement l’affaire d’un artiste. Car si les auteurs du Codeorgan ont définit ses règles, c’est à partir des données présentes (les différentes pages Web qu’ils ont consultées pour tester leur application lors du développement) qu’ils les ont établies pour obtenir certaines sonorités. On peut s’interroger sur la responsabilité auctoriale des pièces créées par l’application, mais il serait plus productif de parler de « découvreur » plutôt que d’« auteur », les internautes s’adonnant collectivement à une chasse au trésor : ils tapent les adresses de leurs sites préférés et partagent leurs trouvailles lorsqu’ils tombent sur un résultat intéressant (l’équipe du Codeorgan en assure le relais par le biais de Twitter). Pour l’heure, l’intérêt du Codeorgan réside dans sa nouveauté, mais surtout dans la promesse de son concept. Le Web est là, masse de données immense, infinie, mouvante, mais standardisée. Pourquoi ne pas en faire quelque chose de ludique, d’esthétique ?

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