œuvre 5
par Mark Amerika
Internet et les technologies du virtuel
nous permettent aisément de nous dédoubler
parce que nous dédoublons ce que nous appelons des « matériaux »
virtuels autant dans leur potentialité que dans leur malléabilité
Ne sommes-nous pas tous les alchimistes
de ce que Whitehead appelle la « concrescence des préhensions »?
Mark Amerika a transformé celle-ci
(en 1996, en relation avec quelque chose qui n’avait pas de nom mais que l’on appelle aujourd’hui Net art)
en une pratique du « naviguer-sampler-manipuler »
Une pratique pour laquelle le net artiste est nomade
Il circule dans/avec le flux de l’Internet
Lorsqu’il commence à sampler les sons comme un DJ/Vj le ferait
Mais au lieu d’utiliser les vinyles, les ipods, les compilations
ou des logiciels de manipulation de l’image
facilitant le processus de l’hyperimprovisation
pratiquée par les artistes audio-visuels de la « postproduction »
ils scrutent le Net
afin de trouver des sites Web proposant des sons interactifs
les remixant dans le cadre d’une performance live
participant ainsi d’une nouvelle race de remixologiste
que nous appelons ici le Webspinna
(empruntant le terme à Trace Reddell)
Un style de vie « source libre »
celui du copier coller en temps réel du DJ
devient maintenant l’expérience « postproduction »
du webspinna
pour laquelle le remixologiste alerte
mixe les matériaux intersubjectifs du net
afin de s’y engager pleinement
L’Internet représente beaucoup de choses pour le Webspinna
archives, médium, co-conspirateur par défaut
Un joueur significatif parmi tant d’autres
rempli de potentialités sémiotiques
(le webspinna produit une sorte de bande passante continue et co-dépendante qui s’arrime avec l’espoir secret que rien ne va planter durant la performance)
À l’université du Colorado à Boulder
Je participe à un séminaire de Remix Culture
Où les étudiants doivent lire Debord
l
’appropriationiste Kathy Acker
l’inventeur de la méthode « cut-up » William Burroughs
le philosophe de la post-photographie et de l’image médiatique Vilèm Flusser
ainsi que Rythm Science de Paul Miller, où nous entreprenons la tâche ardue
de créer notre propre analyse rythmique
Qu'est-ce que cela signifie d’appartenir à une temporalité et de se situer devant celle-ci
alors que nous vivons l’expérience d’une postproduction perpétuelle?
Après avoir remixé Gertrude Stein, Raymond Queneau, Jorge Luis Borges et plusieurs autres écrivains et Net artistes
nous avons préparé notre première performance de remix sonore
Et voilà comment le projet Wespinna
est devenu le centre de l’attention de tout le monde
Le 19 mars, 2010, a eu lieu la performance Webspinna
17
étudiants d’une variété de disciplines artistiques
avons improvisé avec le son d’Internet
Ensemble, nous avons créé un assemblage audio de 110 minutes
dont le son ressemble parfois à une station de radio pirate devenue sauvage
autre fois au discours subtil d’un appel à la sauvagerie
que cet appel se reflète dans le gémissement d’une souris
ou dans le bruit d’une vidéo S&M
(Faire partie de l’espèce remixologiste
c’est trouver sa propre sauvagerie intérieure
par exemple, en utilisant le processus créatif lui-même
pour générer des expériences esthétiques plus intense pour soi-même)
La beauté de la performance
composée d’une multitude de postproductions créés par les remixologistes émergents
a
été captée de sorte que l’environnement global de la performance
devienne ce qu’Umberto Eco a un jour appelé une ŒUVRE OUVERTE.
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