Philippe Raphanel, 1996

Poisons/Phobia
Du 5 octobre au 24 novembre 1996
Dans le cadre de la 11e édition des Cent jours d’art contemporain de Montréal

 

En procédant par analogie, la série de «peintures-photos» POlSONS/PHOBIA effectue un parallèle entre le règne végétal en péril et l’écologie corporelle où, à un niveau microscopique, se manifeste un univers bactérien et viral.

 

Utilisant la photographie (représentations du corps humain) et la peinture (représentations de la flore indigène menacée de la Colombie-Britannique), POISONS/PHOBIA évoque l’épidémie du VIH et du sida.

 

Chaque photographie représentant la culture gaie est encadrée de panneaux où sont dessinés ou peints des motifs floraux de grand format. Prises par Raphanel à Vancouver et à Paris, ces photographies illustrent les manifestations annuelles du Jour de la Fierté gaie.

 

Les dessins et peintures de ces sujets floraux, exécutés à la suite de neuf années de recherche et de documentation sur les plantes indigènes de la côte pacifique canadienne, sont précis du point de vue botanique.

 

POISONS/PHOBIA, en faisant référence à l’histoire de l’art, à des considérations esthétiques et à la théorie de la culture du mouvement gai, suggère de multiples lectures. La juxtaposition nature/culture, dessins-peintures/photographies, mouvement gai/règne végétal, vient bousculer les conventions.

 

L’œuvre de Philippe Raphanel signifie le refus des considérations sur l’homosexualité qui condamnent et perçoivent comme une pathologie toute déviation à la norme hétérosexuelle. De plus, elle permet de réviser les interprétations traditionelles de la dyade nature/culture.

 

En faisant explicitement référence à l’épidémie du VIH et du sida, POISONS/PHOBIA constitue, paradoxalement, une célébration de la beauté du règne végétal, un mémorial et l’expression de l’espoir d’un monde plus tolérant.

 

Formé à Paris, Raphanel visite une première fois l’Ouest canadien en 1976. À la fin de ses études en France, il immigre au Canada et s’établit en 1980 à Vancouver, où il enseigne au Emily Carr Institute of Art and Design. Il s’est fait connaître par le sérieux de sa démarche artistique et de son intérêt pour la cause écologique (paysages ravagés, espèces en voie de disparition). Vingt ans plus tard, son travail est intimement relié à son lieu de résidence et critique le genre paysagiste et ses conventions historiques.

 

Philippe Raphanel s’est particulièrement distingué en 1985, lors de l’exposition «Young Romantics» organisée à la Vancouver Art Gallery par le conservateur Scott Watson. Il s’est par la suite illustré dans le cadre de maintes expositions solos, notamment «Lip Sync», à la Or Gallery de Vancouver. «Lip Sync» a d’ailleurs fait l’objet d’un catalogue accompagnant l’exposition.

 

Les œuvres de Philippe Raphanel ont pu également être remarquées lors d’événements tels que Expo ’93 (Séoul, Corée, 1993), Art Cologne (Cologne, Allemagne de l’Ouest, 1987), Art Seattle (Seattle, États-Unis, 1992-1993), pour ne nommer que ceux-ci. Certaines de ses œuvres font partie de collections publiques: National Bank of the Netherlands (Ottawa), Téléglobe Canada (Montréal), University of Lethbridge (Alberta) et Fulcrum North Inc. (Peterborough, Ontario).

Annette Hurtig

 


 

*(Ce texte accompagne l’exposition Philippe Raphanel, POISONS/PHOBIA présentée du 5 octobre au 24 novembre au ClAC-Centre international d’art contemporain de Montréal, dans le cadre de la 11e édition des Cent jours d’art contemporain de Montréal, 1er septembre – 24 novembre 1996. Nous remercions Philippe Raphanel, Annette Hurtig, conservatrice adjointe à la Kamloops Art Gallery (Colombie-Britannique), Christine Roy, attachée de presse, ainsi que tous les Associés du CIAC. Cette exposition est rendue possible grâce au soutien du Programme d’aide aux expositions du Conseil des Arts du Canada.)