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Civilités,
de l'Agence TOPO (Canada), 2003

par Cécile Petit




La ville est un reflet du monde, la rue en est un échantillon. On y croise quelques passants anonymes, une foule sans visage. Au détour d'une rue, on assiste à une manifestation où le brouhaha se mêle aux revendications violentes. On y est témoin de drames personnels ou familiaux, on passe notre chemin. Des scènes d'une banalité quotidienne se déroulent sous nos yeux, une mère tire son enfant brutalement par la main, deux personnes se disputent, un juif et un musulman se croisent sans un regard. Civilités est une représentation de la rue. Nous y sommes bel et bien projetés, en tant que témoins.

Ce projet rassemble dix artistes montréalais de disciplines et d'origines différentes qui, à l'initiative d'Eva Quintas, ont développé des modules interactifs sous un seul et même questionnement : « Comment vivre ensemble ? » L'œuvre explore les différents niveaux de cohabitation et de collectivité, de la simple et primaire politesse entre voisins au conflit israélo-palestinien, en passant par la sphère familiale.

La structure de Civilités se développe de manière linéaire autour de huit nœuds principaux, chacun étant composé de photographies, d'hommes, de femmes et d'enfants, des individus qui peuplent une rue symbolisée par une image de fond ou par certains éléments urbains. L'utilisateur, en déplaçant sa souris, déroule l'image sous la forme d'un long travelling. Basé sur un type de navigation intuitive, il doit « fouiller » l'écran pour trouver les zones d'interactivités, les portes d'entrée du récit. En cliquant sur certains personnages, objets ou mots, il déclenche une scène, entrant alors dans l'univers de cet anonyme qu'il vient d'interpeller d'un clic. En bas de l'écran, une ligne s'étire, tel un plan de métro, et permet de naviguer de nœud en nœud, de changer de rue ou de quartier, de déambuler dans la ville. Le rouge domine, ayant pour effet la dramatisation du récit et liant les images entre elles, de même que le fond sonore, extrêmement présent, qui confère son unité à la succession des interfaces.

Des extraits sonores de textes, des paroles, des dialogues, des définitions accompagnent notre exploration. Une grande place est accordée à certains extraits du Comment vivre ensemble ? développé par Roland Barthes, qui sert de base à la réflexion de l'œuvre. Cet ouvrage est un recueil de cours et séminaires donnés par l'auteur au Collège de France en 1976 et 1977 ; il y explore le «  "vivre ensemble" de groupes très restreints, dans lesquels la cohabitation n'exclut pas la liberté individuelle »1. D'autres extraits sont quant à eux issus de textes traitant de la citoyenneté, des espaces publics, de la cohabitation des peuples et des nations. On y retrouve des déclarations comme : « there could be no society without civilities », « celui qui ne maîtrise pas les règles de civilité apparaît d'abord comme un barbare », « l'incivilité ne peut que freiner la cohésion sociale », et puis on pose des questions : « may one live together and remain free ? », « sommes-nous prêts à abandonner nos libertés pour plus de sécurité ? » Le ton est donné, clair et tranchant sous la forme de cette interrogation :« finalement, peut-on vivre ensemble ? »


MATHIEU BEAUSÉJOUR : MARCHEZ NOIR ET DÉRIVEZ

Les modules proposés par les artistes invités sont des projets indépendants et autonomes, qui, mis dans le contexte de Civilités ont des préoccupations communes et participent à la cohérence générale de l'œuvre. Il est possible de regrouper certains projets sous des thématiques communes : Mathieu Beauséjour, avec ses projets Marchez noir et Dérivez et Pascal Contamine avec Ze Boudha's Show traitent du désenchantement social, aussi violent qu'en apparence irrémédiable. Les deux modules de Mathieu Beauséjour fonctionnent en parallèle l'un de l'autre.

Dérivez nous propose une déambulation dans la ville, ou devrions-nous dire les villes, car la structure de l'œuvre est basée sur des photographies prises à Montréal, Londres et Paris. Ce sont des images de détails, des gros plans qui dessinent une atmosphère urbaine plus qu'une ville en particulier : une plaque de rue (Place de la résistance), des néons colorés, des graffitis (« abolition du travail aliéné »). La ville est ici appréhendée comme le Web. La navigation est une déambulation, on explore, on perd son chemin, on revient sur ses pas. Dérivez nous conduit cependant toujours et rapidement à un seul et même point, le carrousel, celui de notre enfance comme celui des grands buildings, la porte tournante qui ramène au point de départ, ou au second volet du projet : Marchez Noir. Alors que L'Internationale, musique qui fût l'hymne des Communards de Paris (1871), démarre à tue-tête, une animation visuelle associe La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix (1830), à des photographies et des vidéo de manifestations et d'affrontements policiers. Utilisant l'exemple du Sommet des Amériques qui a eu lieu à Québec en 2001, et qui fût le théâtre d'affrontements violents entre les manifestants et les forces de l'ordre, Mathieu Beauséjour s'interroge sur la marche populaire. En mettant en perspective ces trois événements (la Commune, les Trois glorieuses et le Sommet des Amériques) l'artiste mesure en quelque sorte la force de la contestation populaire et de la revendication sociale aujourd'hui. Le peuple est-il encore capable de se soulever, d'être solidaire pour défendre ses intérêts ? Quel sens donner aujourd'hui à « la lutte finale » ?2


PASCAL CONTAMINE : ZE BOUDHA'S SHOW

Dans un autre registre, Pascal Contamine étudie également les symptômes du désenchantement social et propose une version multimédia de sa pièce de théâtre Ze Bouddha's Show. Critique de la société et de l'économie post-moderne nord-américaine, ce projet met en scène Ephrème Damarique qui souffre d'une « écoeurite sociale » aiguë. Désabusé par les nouvelles normes de la société (culte de l'automobile, icônes publicitaires érotisées à l'extrême, abrutissement télévisuel des consciences) Ephrème décide de mettre fin à sa vie. La « déresponsabilisation », la « déshumanisation » et la « désacralisation » conduisent à la « détresse » humaine et à la « débâcle » de la société ainsi qu'au geste suicidaire de notre héros. Pascale Contamine dresse ici un constat terriblement sombre. Tout espoir semble vain. Ephrème n'a « plus le courage de sortir dans la rue pour crier haut et fort ce qui (le) révolte ». Dans ce projet, l'artiste lui aussi questionne le pouvoir de jugement du citoyen. En tant que membre notre société, nous nous contentons de subir sans prendre position, sans même prendre part au dialogue social. La question n'est alors plus « quel est le poids de la contestation sur la société ? » mais bien « la contestation existe-t-elle encore ? » Si le pouvoir n'est ni entre les mains du peuple, ni entre celles de nos dirigeants, si c'est bien l'économie qui mène le monde, s'il ne reste que quelques étudiants idéalistes pour descendre dans la rue (et encore), effectivement, quel espoir nous reste-t-il ? Ephrème est mort ! Vive Ephrème !

Mais ne sombrons pas trop rapidement dans le désespoir, car une lueur brille - faiblement, certes, mais tout de même. C'est bien au média lui-même qu'il faudrait porter attention autant qu'au message qu'il diffuse. Internet, réseau des réseaux, échappant à tout contrôle, ou presque, n'est-il pas l'arme de contestation idéale ? S'il est vrai que le Web est un média d'information global et de communication instantanée, si l'information qui y est diffusée ne subit aucune sorte de pression ou de censure, si la liberté d'expression y est réelle (blogue, forum, etc.…), alors n'est-ce pas là que réside le nouvel espace commun d'expression citoyenne ? N'est-ce pas dans ce nouveau territoire collectif que pourra s'exprimer le pouvoir populaire ? C'est en quelque sorte le questionnement de Isabelle Hayeur avec son projet Agora.


ISABELLE HAYEUR : AGORA

Le fonctionnement en est simple mais efficace : ici, pas d'hyperlien, pas de narration, juste une photographie en contre-plongée de quelques mètres carrés d'une rue pavée. Rien ne se passe, curieux. On agite un peu sa souris, par impatience, peut-être, et l'œuvre s'amorce alors. Un passant, puis deux, puis trois apparaissent, accompagnés par des extraits d'émissions radiophoniques. Puis, à nouveau, une rue silencieuse et déserte. Une fois le principe dévoilé, on agite sa souris encore, un peu plus vite et un peu plus souvent. L'agora se remplit, le mouvement et l'expansion de la foule deviennent proportionnelles aux mouvements de la souris. De la même manière, le nombre d'extraits sonores - issus de bulletins d'informations, d'émissions économiques ou politiques - augmentent également, jusqu'à la cacophonie. Comme le souligne Isabelle Hayeur, « la toile réintroduit l'espace de diffusion d'une information citoyenne » et redonne la parole à l'utilisateur qui en devient le centre, « l'élément déclencheur d'une Matière à penser »3.


LISA NDEJURU : SIMULTANÉITÉ

Deux autres projets au sein de Civilités partagent un thème commun, cette fois celui de l'individu, de la mémoire et de la guerre. Ce sont les propositions de Lisa Ndejuru Simultanéité ainsi que Vous êtes ici sur ma galerie de Zazalie Z. Les deux artistes placent leur vie personnelle et intime dans la perspective de l'Histoire sans distinguer a priori d'échelle de valeur. Lisa Ndejuru l'exprime en une phrase :

« dans mon quotidien, tout se passe en même temps : l'horreur, le bonheur, le banal et l'extraordinaire. J'essaie de faire la part des choses. Et toi ? »4
Et c'est effectivement dans son quotidien que nous convie l'artiste, autour d'une tasse de thé. Sur la table, quelques objets traînent. Ce sont des liens vers l'intimité, le détail, une conversation, le partage de quelques moments, de certaines peurs ou inquiétudes.. Au téléphone, elle se confie sur son besoin d'amour, de tendresse. « Mes bras sont vides et ils le savent ». Déjà, et alors que toutes les autres propositions posent la question « comment vivre ensemble ? », l'artiste renverse ici la situation et s'interroge sur le : comment vivre isolément ? Comment exister les uns sans les autres ? La solitude, le manque provoqué par l'éloignement des êtres chers, c'est également ce dont nous parle l'artiste en ouvrant une boîte à souvenirs. On feuillette quelques photos et la nostalgie s'empare de nous. Des rencontres, des amitiés, des moments heureux partagés : « Maybe time is a thread unbroken of some lifes touching others ». L'autre serait alors celui avec lequel je n'arrive pas à vivre mais dont je ne peux me passer. Il est également celui qui me manque, que j'aime et que j'ai aimé autant que je déteste. Il est celui qui m'a construit au fil du temps et celui qui me détruit, parfois. Et Lisa Ndejuru n'appréhende pas cette situation comme un paradoxe, mais bien comme une « simultanéité » : je suis simultanément préoccupée par ma personne et par l'humanité.

Mais c'est là que se dessine justement une échelle des valeurs, voire la dénonciation d'une certaine futilité. Lorsque l'on clique sur la barre de chocolat, une animation se déclenche, superposant de manière visuelle une femme enfilant son pantalon, préoccupée par son poids, et des images de guerre, superposition appuyée par le son, extraits de bulletins d'information sur la situation irakienne et des publicités de produits de régime-miracle. Vanité et frivolité sont mises en parallèle avec l'horreur de la situation d'un peuple qui connaît l'oppression, la guerre et l'occupation. L'artiste, en introduisant ces images de guerre, continue à nous parler d'elle-même et de sa vie. Elle est en effet partie en Irak à deux reprises, et nous livre les témoignages d'irakiens qu'elle a rencontrés sur place, dans le module vidéo Irakiens et irakiennes sous occupation.


ZAZALIE Z. : VOUS ÊTES ICI SUR MA GALERIE

Partant de sa vie personnelle et de son intimité, Lisa Ndejuru ne nous parle pas seulement d'elle, mais de nous. Sa situation ouvre sur une certaine universalité. Zazalie Z. utilise également sa situation comme point de départ : « Vous êtes ici sur ma galerie », pour mettre certains événements de l'Histoire en perspective. Le souvenir est également pour elle essentiel. Mais il n'est pas question ici du souvenir d'événements vécus personnellement, mais bien cette fois-ci de notre devoir de mémoire collective. L'artiste met en image, en parole et en musique deux drames abominables de l'Histoire de l'humanité : Hiroshima et l'esclavage sexuel des femmes par les soldats japonais pendant la seconde guerre mondiale.

« Le drapeau blanc de la paix est taché
Peut-on le laver à la buanderie du zen bouddhiste
Faire des mantras pour qu'il n'y ait plus d'Hiroshima
Se souvenir de ce qui a été mis sous silence ».
5
Ces deux projets ont également cela de commun qu'ils soulèvent le thème plus complexe de la relativité des droits d'un individu dans le cadre de son appartenance culturelle6. Car même si l'éthique (ou le simple bon sens !) veut que chaque individu jouisse universellement des mêmes droits, cette conception des droits et libertés ne prévaut ni dans l'Histoire (les femmes de réconfort), ni dans les événements internationaux récents (dictature et oppression en Irak, suivies de l'occupation américaine, de sa légitimité discutable et des horreurs rapportées par les médias).


LINDA HAMMOND ET NORMAN NAWROCKI : ON THIS CORNER

D'autres projets sont plus indépendants, tant au niveau de leur esthétique que de la thématique qu'ils développent. Il en est ainsi pour On this Corner de Linda Hammond et Norman Nawrocki dans lequel s'unissent les univers artistiques et culturels des deux artistes. L'utilisateur est ici invité à découvrir le boulevard Saint-Laurent, la fameuse Main de Montréal et ses habitants emblématiques, accompagné par des extraits de nouvelles et de lettres, et au son du violon de Norman Nawrocki. Quartier multiculturel par excellence, le boulevard Saint-Laurent et ses alentours abrite richesse, pauvreté, rôtisseries portugaises, boulangeries traditionnelles et commerces juifs, jeunes anarchistes en fugue, clochards, familles d'immigrants et jeunes professionnels branchés… Plus que le portrait d'une rue, cette œuvre esquisse le visage d'une ville, d'un monde en devenir, dans lequel les cultures, les races et les religions sont appelées à s'entremêler de plus en plus. On this Corner est une invitation à la rencontre et à la découverte de l'autre, à l'ouverture de soi vers d'autres possibles.


EVA QUINTAS : TIRER

Le projet d'Eva Quintas, Tirer, développé en parallèle de l'architecture générale de Civilités, traite quant à lui du pouvoir et de la domination au sein de la famille. Premier espace dans lequel on apprend dès le plus jeune âge à vivre ensemble, le foyer familial est certainement le lieu le plus sensible. Utilisant en ouverture l'anecdote d'une mère qui tire trop violemment son enfant par la main, l'artiste aborde la notion plus générale du pouvoir et de la violence insidieuse et quotidienne. Au sein d'un groupe restreint, la famille, comment s'exerce le pouvoir ? Cette thématique est soutenue par des extraits sonores du Comment vivre ensemble ? de Roland Barthes qui constitue une réflexion sur le rapport entre le pouvoir, la domination et les rythmes individuels : « est chef en effet celui qui est maître du pas ? »7


POLITIQUE ET RELIGION

Une grande part de Civilités est également consacrée à la religion, avec le Fatwa Test, qui vérifie notre connaissance des us et traditions de l'Islam, suivi d'une série de photographies de corps drapés de rouge qui fusionnent pour former une étoile de David ou un Croissant islamique. Le conflit israélo-palestinien devient alors l'emblème du « comment vivre ensemble » malgré nos religions ? Comment des croyances différentes peuvent-elles cohabiter sur un seul et même territoire ? L'œuvre devient alors plus pamphlétaire avec un lien interne vers un texte de André Gaillard, Les trois mythes fondateurs du sionisme, qui sont les suivants : Le mythe biblique de la terre promise et du peuple élu, La loi rabbinique de transmission héréditaire de la judéité et Les écrits xénophobes du judaïsme. Sur le site de Civilités, seuls quelques extraits sont mis en forme et illustrés. Ils sont issus d'une analyse plus fournie intitulée : Le sionisme en Palestine / Israël, fruit amer du judaïsme.

Bien que nous n'en doutions pas jusqu'alors, l'œuvre prend ici un ton définitivement politique et engagé, mais aussi et encore plus particulièrement pessimiste. A la question peut-on vivre ensemble, toute l'œuvre semble répondre non, ou tout au moins difficilement, difficulté accrue par la religion.


LE POSSIBLE « VIVRE ENSEMBLE »

Civilités questionne, dénonce, provoque et chacun des artistes qui a pris part au projet s'est employé à faire naître en nous une réaction, un sentiment, une révolte face à l'état du monde. Alors que la couleur dominante de l'œuvre était jusqu'à présent le rouge, brûlant et sanglant, un espace vert et pacifique, un nouvel espace public, s'ouvre au sein du projet pour laisser place à la parole de l'utilisateur. Chacun est alors libre d'envoyer un texte, une image, un dessin, de faire entendre sa voix. Et c'est au sein de cet espace en particulier, dans cette ouverture, que s'exprime l'idée qu'il est finalement peut-être possible de cohabiter dans un espace public, de partager, de collaborer. L'espoir réside en chaque personne, individuellement, en sa capacité de réponse, de contestation, d'expression. Et finalement, le possible « vivre ensemble » réside peut-être dans ce témoignage que Lisa Ndejuru nous envoit de Bagdad, pendant une nuit d'insomnie et de bombardements :

« J'ai sommeil et je n'ai rien écrit de l'immense désir qui m'habite de serrer quelqu'un dans mes bras, de me blottir. Finalement, la seule chose qui m'importe c'est d'aimer, d'être aimée. »8




ARTISTES ET PROJETS
  • Mathieu Beauséjour, Marchez Noir/Dérivez
  • Pascal Contamine, Ze Bouddha's Show
  • Linda Hammond, On this Corner
  • Isabelle Hayeur, Agora
  • Norman Nawrocki, The Anarchist and the Devil do Cabaret
  • Lisa Ndejuru, Simultanéité
  • Eva Quintas, Tirer
  • Cesar Saëz, Señalando
  • Zazalie Z., Vous êtes ici sur ma galerie


ÉQUIPE DE RÉALISATION
  • Concept et direction artistique : Eva Quintas
  • Réalisation multimédia : Guy Asselin
  • Assistants à la réalisation multimédia : Simon Dauphin et Muoi Gu Tran
  • Bande sonore : Jean-Sébastien Roux
  • Interprètes — Narration : Louise Boisvert, David Boutin, Pascal Contamine et Victoria Stanton
  • Traduction : Bernard Schütze et Christine York





    Notes
    1 : « Dans la leçon inaugurale de cette chaire, on avait postulé la possibilité de lier la recherche à l'imaginaire du chercheur. On a souhaité, cette année, explorer un imaginaire particulier : non pas toutes les formes de " vivre ensemble " (sociétés, phalanstères, familles, couples), mais principalement le " vivre ensemble " de groupes très restreints, dans lesquels la cohabitation n'exclut pas la liberté individuelle ; s'inspirant de certains modèles religieux, notamment athonites, on a appelé cet imaginaire fantasme d'idiorrythmie. Beaucoup de matériaux qui ont servi au cours ont donc été empruntés au monachisme oriental, le corpus proprement dit restant cependant littéraire. Ce corpus a réuni (d'une façon évidemment arbitraire) quelques œuvres documentaires ou romanesques, dans lesquelles la vie quotidienne du sujet ou du groupe est liée à un espace typique : la chambre solitaire (A. Gide : La Séquestrée de Poitiers ; le repaire (D. Defoe : Robinson Crusoé) ; le désert (Pallade : Histoire lausiaque) ; le grand hôtel (TH. Mann : La Montagne magique) ; l'immeuble bourgeois (Zola : Pot-Bouille). »  

    Cf. Roland Barthes, Comment vivre ensemble ?, Cours et séminaires au Collège de France (1976-1977). Texte établi, annoté et présenté par Claude Coste, « Les cours et séminaires au Collège de France de Roland Barthes », sous la direction d'Eric Marty, Seuil, IMEC, coll. Traces écrites, 2002.

    Site Web : www.roland-barthes.com  

    2 : Cf. L'Internationale, paroles d'Eugène Pottier (juin 1871) et musique de Pierre Degeyter (1888).  

    3 : Isabelle Hayeur, in Civilités  

    4 : Lisa Ndejuru, in Civilités  

    5 : Zazalie Z., in Civilités  

    6 : Cf. le conflit bien connu entre l'universalisme - les droits de la personne sont universels - et le relativisme - les droits de la personne sont culturellement relatifs.  

    7 : Eva Quintas, in Civilités  

    8 : Lisa Ndejuru, in Civilités  




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